SNCF : les syndicats dévoilent les résultats de leur "vot’action", consultation surtout "symbolique"

Les salariés de la SNCF étaient invités à se prononcer sur la réforme ferroviaire du gouvernement.
Les salariés de la SNCF étaient invités à se prononcer sur la réforme ferroviaire du gouvernement. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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L’intersyndicale de la SNCF doit annoncer mercredi les résultats de sa "vot’action", consultation des salariés sur le projet de réforme ferroviaire. Un vote qui n’aura pas de grandes conséquences.

"Êtes-vous pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?" : c’était la question posée aux 146.000 cheminots de la SNCF depuis le 14 mai. La "vot’action", consultation interne organisée par les syndicats, a pris fin mardi soir, place aux résultats. L’intersyndicale de la compagnie de chemins de fer doit annoncer à 10h les résultats du vote. Un ‘non’ massif est attendu mais l’organisation artisanale et les incertitudes sur la participation minent le crédit à accorder à cette consultation de toute manière surtout symbolique. Europe 1 fait le tour des enjeux de la "vot’action" à la SNCF.

Comment s’est déroulé le vote ?

La vot’action des salariés a démarré le 14 mai et devait initialement durer une semaine. Finalement, une rallonge d’un jour jusqu’à mardi a été décidée jeudi. "L'arrêt des votes se fera sûrement vers 16h ou 17h selon les sites" et "les remontées" des comptages des voix "auront lieu jusqu'à tard le soir", a précisé Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-cheminots. Les résultats seront annoncés mercredi vers 10h lors d’une conférence de presse de l’intersyndicale CGT, Unsa, CFDT, SUD.

Côté organisation, c’est un peu plus artisanal. La direction n’étant pas impliquée, ce sont les syndicats qui ont géré le vote de A à Z. Le premier jour, des assemblées générales et des réunions de sections syndicales étaient organisées pour permettre aux cheminots de voter. A la gare de Lyon, à Paris, on a fait avec le peu de moyens à disposition : sous un porche à peine abrité de la pluie, un syndicaliste tient une urne pendant qu’un autre surveille le registre. L’anonymat n’est pas franchement garanti. "Ce n’est pas un vrai référendum, c’est surtout symbolique", reconnaît une gréviste au micro d’Europe 1. Depuis, les urnes ont été mises à disposition des salariés de la SNCF, dans les bureaux ou les locaux syndicaux.

Quelle participation ?

C’est la clé du scrutin : combien des 146.000 cheminots ont déposé un bulletin dans les urnes syndicales ? Impossible de le savoir avant l’annonce de l’intersyndicale puisqu’officiellement le "dépouillement" n’a eu lieu que tard mardi. Cependant, ici et là, quelques sections locales ont bouclé leur vot’action en avance. Les résultats ne sont pas représentatifs mais donnent quelques indications. Dans le Tarn-et-Garonne, la CGT Cheminots annonce ainsi 130 votants sur 145 inscrits, avec le ‘non’ qui l’emporte à 95%.

Cette vot'action, qui est prolongée pour "permettre au plus grand nombre de cheminots de voter", connaît "un très fort succès, y compris parmi l'encadrement et malgré les entraves de la direction", a souligné Laurent Brun. Il y a "beaucoup de votants", "plus que ce qu'on avait pu imaginer", mais "certains établissements ou certaines directions refusent la présence physique des urnes dans les locaux de l'entreprise", a-t-il dénoncé.

Quels sont les enjeux ?

Au-delà de la consultation des salariés, la comparaison avec le référendum d’Air France, qui a conduit à la démission du PDG Jean-Marc Janaillac, n’est pas pertinente. En effet, la vot’action est purement consultative et n’aura aucun impact sur la réforme ferroviaire. Guillaume Pépy a prévenu d’emblée : le vote n’aura "aucune" légitimité. Sentiment renforcé par l’absence d’isoloirs et les fortes incitations à voter ‘non’ devant les urnes. Peu importe pour les organisations syndicales, l’objectif est de (re)mobiliser les troupes pour faire vivre le mouvement. "On veut intervenir au même niveau que notre direction qui ne porte pas le désir des salariés et nous sommes persuadés que le 'non' va l'emporter", estime Laurent Brun, au micro d’Europe 1.

Si la consultation ne devrait pas infléchir la position du gouvernement, elle constitue pour les syndicats un nouvel outil de communication. En cas de victoire du ‘non’ et de forte participation, la vot’action offrirait un contrepoint aux chiffres de participation aux journées de mobilisation, guère à l’avantage des grévistes. Les quelque 30% de participation des premiers jours sont désormais loin et le taux de salariés qui cessent le travail ne dépasse plus 20%. La "journée sans cheminots" du 14 mai a bien montré que les cheminots peuvent toujours se mobiliser en masse mais elle n’a pas apporté le rebond attendu.

Et après ?

Près de deux mois après le début de la grève et à un mois du terme prévu, les syndicats cherchent désormais un moyen de relancer la mobilisation. Après l'annonce des résultats mercredi à l'issue d'"un calcul le plus précis possible", l'intersyndicale se réunira dans l'après-midi afin de "creuser (ses) revendications" et "déterminer une initiative pour interpeller les parlementaires le 29 mai, jour du début du débat au Sénat en séance publique", a indiqué Laurent Brun.

Réunion à Matignon. Avant cela, les syndicats de la SNCF seront reçus vendredi par Édouard Philippe, deuxième rendez-vous en moins d’un mois à Matignon. Le 7 mai, chaque représentant syndical était sorti de son entretien en dénonçant l’absence de dialogues. Depuis, l’Unsa et la CFDT ont joué la carte de la main tendue en faisant des propositions d’amendements. Pour éviter toute division, SUD-Rail souhaite que cette fois, les quatre syndicats soient reçus ensemble et non à tour de rôle comme le 7 mai, a indiqué l'un de ses secrétaires fédéraux, Bruno Poncet. Faute d'accord sur le fond du pacte, la question de la dette pourrait réconcilier les positions divergentes.

 

La grève reprend

La vot’action se conclut et la grève repart : la onzième séquence de débrayage a débuté mardi soir et se termine vendredi matin. Pour le 21ème jour de grève, mercredi, le trafic sera de nouveau perturbé. La SNCF prévoit d’assurer trois TGV sur cinq, un TER et Transilien sur deux, ainsi que deux trains Intercités sur cinq.

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