Shein : la France exhorte la Commission européenne à «sévir» et sanctionner la plateforme
Le ministère français des Affaires étrangères demande à la Commission européenne de "sévir" face à la plateforme chinoise Shein, au centre de plusieurs polémiques dont celle de la vente de poupées sexuelles à l'effigie de fillettes. Selon le Quai d'Orsay, le site est "de toute évidence en infraction avec les règles européennes".
La tension ne retombe pas entre la France et Shein. Paris exhorte jeudi la Commission européenne à "sévir" et sanctionner la plateforme chinoise, au cœur de plusieurs polémiques dont celle de la vente de poupées sexuelles à caractère pédopornographique. Le site est "de toute évidence en infraction avec les règles européennes", estime le ministère des Affaires étrangères.
Contrôle renforcé depuis 2024
"Ça fait trois ans que les règles ont été adoptées, la Commission européenne doit sévir (...) Elle a diligenté certaines enquêtes, elle doit maintenant les assortir de sanctions", explique le ministre Jean-Noël Barrot sur franceinfo. En ce sens, la ministre du Numérique, Anne Le Henanff, va s'entretenir ce jeudi après-midi avec la commissaire européenne chargée du Numérique, indique son cabinet.
En avril 2024, la Commission européenne a classé Shein comme une "très grande plateforme en ligne", ce qui lui permet d'exercer un contrôle renforcé par le biais du DSA. En février 2025, Bruxelles a ouvert une enquête contre la plateforme, considérant qu'elle ne luttait pas suffisamment contre la vente de produits illégaux. Néanmoins, pour Jean-Noël Barrot, les règles européennes qui encadrent le commerce en ligne "ne sont pas respectées".
Une procédure de "suspension" de la plateforme engagée en France
Mercredi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a engagé une procédure de "suspension" de la plateforme Shein en France, "le temps nécessaire pour que la plateforme démontre aux pouvoirs publics que l'ensemble de ses contenus soient enfin en conformité avec nos lois et règlements", a détaillé Matignon, ajoutant qu'un premier point d'étape devait être fait par les ministres "dans les 48 heures".
Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a saisi la justice pour demander le blocage du site Shein, dans l'objectif de "faire cesser de façon certaine les graves dommages à l'ordre public causés par les défaillances" de la plateforme en ligne asiatique, a précisé le ministère de l'Économie.
Shein suspend sa "marketplace"
La plateforme Shein est dans le viseur des autorités, après la vente de poupées sexuelles à l'effigie de fillettes - une enquête a été ouverte lundi par le parquet de Paris - et celle d'armes de catégorie A (machettes, poings américains).
Ce mercredi, elle a indiqué suspendre sa "marketplace" en France, soit les produits proposés en ligne par les vendeurs tiers, "indépendamment" de la décision du chef du gouvernement de suspendre la plateforme. Cela alors que les investigations des autorités françaises concernent également les produits directement vendus ou conçus par Shein.
Le géant chinois du e-commerce, qui vient d'ouvrir sa première boutique physique au monde à Paris cette semaine, a "pris acte" de la suspension lancée par Sébastien Lecornu et a indiqué vouloir "engager" rapidement le dialogue. "La sécurité de nos clients et l'intégrité de notre marketplace (place de marché où sont proposés des produits de vendeurs tiers, ndlr) sont nos priorités absolues", a affirmé Quentin Ruffat, porte-parole de Shein.