Le gouvernement mène des concertations depuis deux ans sur la réforme des retraites. 1:27
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Olivier Samain et Julien Ricotta avec AFP , modifié à
La réforme des retraites est vivement contestée par les grévistes, qui s’apprêtent à défiler jeudi dans toute la France. Le projet du gouvernement n’est pas pour autant complètement tranché, et plusieurs points pourraient être modifiés dans les jours à venir.
ON DÉCRYPTE

Après deux ans de concertation, la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron est plus que jamais contestée sur ses fondements et des points cruciaux restent à trancher. Le gouvernement, qui est en train de peaufiner son projet, devrait dévoiler ses préconisations dans les prochains jours. Mais l’ampleur de la grève de jeudi pourrait bien changer la donne et faire évoluer plusieurs points de la réforme.

Ce qui ne devrait pas bouger 

Le système universel par point

Le point clé de cette réforme est le passage à un "système universel", en lieu et place du régime actuel. Le gouvernement promet un système "plus juste" et "plus lisible", où "un euro cotisé donnera les mêmes droits à tous". Les 42 régimes de retraites, où les pensions sont calculées en fonction du nombre de trimestres cotisés, doivent ainsi être remplacés par un "système universel" où chacun accumulera des points tout au long de sa carrière et pour chaque jour travaillé.

Le calcul des retraites

A terme, tous les actifs (qu'ils soient salariés, fonctionnaires, cheminots, gaziers-électriciens, mais aussi agriculteurs, artisans, professions libérales) cotiseront de la même manière sur tout ce qu'ils gagneront dès le début de leur vie professionnelle.

Finie, donc, la règle des 25 meilleures années pour les salariés du privé et des 6 derniers mois pour les fonctionnaires et les régimes spéciaux. Selon l'exécutif, la prise en compte de l'ensemble de la carrière doit favoriser les carrières courtes, heurtées et peu ascendantes. Un argument réfuté par les opposants au projet tels que FO et la CGT, qui estiment que les pensions seront mathématiquement moins élevées avec l'intégration dans le calcul des moins bonnes années.

L’âge de départ à la retraite : toujours 62 ans, mais…

Le projet du gouvernement ne modifie pas l’âge légal de départ à la retraite, qui restera fixé à 62 ans. Mais Édouard Philippe l'a redit, les Français devront "progressivement travailler plus longtemps" pour "remettre le système actuel à l'équilibre" avant l'entrée en vigueur du nouveau régime en 2025. Deux options sont sur la table : allonger la durée de cotisation ou créer une nouvelle borne d'âge pour une retraite à taux plein, avec par exemple une décote avant 64 ans.

Mais tous les syndicats sont opposés à un allongement de la durée de travail, y compris la CFDT, seul soutien de poids à un régime universel par points, d'autant plus que la durée de cotisation pour une pension à taux plein doit déjà passer de 41,5 ans aujourd'hui à 43 ans en 2035. Si une telle "mesure paramétrique" était décidée, la CFDT "appellera les salariés à se mobiliser".

Ce qui pourrait évoluer 

Le passage du système actuel au nouveau système

La question n’a pas encore été réglée : quelle sera la première génération concernée par le passage au nouveau système ? L’exécutif vise une entrée en vigueur de sa réforme en 2025. La génération née en 1963 aurait alors 62 ans et serait la première concernée.  Mais pour redresser les comptes, leurs aînés pourraient être mis à contribution, dès la génération 1959, qui aura 62 ans en 2021.

Dans le même temps, le gouvernement est prêt à décaler la mise en œuvre du futur "système universel" à "des personnes un peu plus éloignées de la retraite que ce qui était envisagé jusqu'ici", a dit Édouard Philippe. De même, quelle sera la durée des transitions pour les régimes spéciaux et certains régimes autonomes comme les avocats ? Là aussi, le jeu reste ouvert.

La prise en compte de la pénibilité, les droits familiaux, les primes des enseignants…

D’autres points de la réforme, soulevés par les syndicats, pourraient également évoluer, comme la prise en compte de la pénibilité. Le gouvernement promet d'étendre aux fonctionnaires les critères de pénibilité du privé permettant de partir à 60 ans, mais envisage de supprimer les départs anticipés à 57 ans dans les hôpitaux.

Les droits familiaux ont également fait polémique. Dans le projet actuel, un bonus de 5% pour chaque enfant (dès le premier enfant) serait accordé par défaut à la mère. Mais pas sûr que cela soit plus avantageux que la règle actuelle combinant trimestres gratuits pour toutes les mères et majoration de 10% pour les familles nombreuses (à partir de trois enfants). La question sensible des primes des enseignants n’a également pas été tranchée.