Economie Pisani-Ferry Relance 2:47
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Pour l'économiste Jean Pisani-Ferry, invité d'"Europe Soir" lundi, le gouvernement ne doit pas forcément se limiter au plan de relance de l'économie française annoncé la semaine prochaine. Si l'offre et la demande restent déprimées, il faudra aller plus loin que les 100 milliards d'euros prévus et proposer d'autres mesures, prévient-il.
INTERVIEW

Le gouvernement va abattre, la semaine prochaine, sa carte maîtresse pour tenter de relever une économie déprimée par la crise du coronavirus : un plan de relance d'un montant de 100 milliards d'euros, répartis dans plusieurs domaines (industrie, emploi, écologie…). L'exécutif devra-t-il aller encore plus loin si l'électrochoc n'est pas suffisant ? "Si l'économie donne des signes de faiblesse, il faudra faire plus", met en garde l'économiste Jean Pisani-Ferry, invité d'Europe Soir, lundi.

"On a eu une bonne dynamique de redémarrage de l'économie en mai et juin mais on sent que ça s'essouffle", constate au micro de Julian Bugier celui qui a coordonné le programme économique d'Emmanuel Macron en 2017. "La consommation a bien redémarré mais elle se situe 7% en dessous du niveau normal. Est-ce qu'on continue à la rentrée ?", interroge-t-il.

Jean Pisani-Ferry estime d'ailleurs que le report de l'annonce du plan de relance, en raison de la situation sanitaire et de la rentrée, n'est pas réellement préjudiciable : "Si c'est décalé d'une semaine, ça ne change pas grand-chose.Ce n'est pas une urgence qui se compte en jours."

"Double crise" de l'offre et de la demande

Selon le professeur à Sciences Po, la situation se caractérise par "une double crise, avec une demande qui n'est pas là et des entreprises qui ont énormément souffert". De plus, "il y a des inquiétudes, avec le retour de difficultés sanitaires et une série de mauvaises nouvelles à venir. Il ne faut pas laisser cette dynamique se casser." C'est la raison pour laquelle "il faudra faire plus si l'économie donne des signes de faiblesse importants", d'après lui.

 

L'économiste évoque plusieurs mécanismes qui ne sont pas inclus dans le plan de relance de 100 milliards d'euros et qui pourraient aider l'économie française à retrouver son niveau d'avant-crise. Selon lui, il faut "faire plus que les 100 euros d'Allocation de rentrée scolaire", car "ce sera dépensé tout de suite". Le montant de cette aide pourrait atteindre "200" ou "300 euros". "On a proposé des chèques-verts", détaille-t-il également, certain qu'il faut agir sur "des choses qui stimulent la consommation immédiatement".

Une "chance extraordinaire" face à la dette ?

Cela devrait creuser davantage la dette publique, bientôt équivalente à plus de 110% du Produit intérieur brut (PIB) français. Mais cette dégradation est souhaitable car cela permet de "reporter le problème dans le temps", avance Jean Pisani-Ferry. "Il vaut mieux empêcher l'économie française de s'affaisser maintenant. On a des points forts très lourdement affectés, comme l'aéronautique et le tourisme." Et l'économiste de voir une "chance extraordinaire" dans la situation actuelle : "Les taux d'intérêt sont nuls" et devraient moins peser sur le remboursement de la dette dans les années et les décennies à venir.