Macron en tête : un "scénario parfait" pour les marchés financiers

Les bourses ont réagi positivement à la qualification d'Emmanuel Macron.
Les bourses ont réagi positivement à la qualification d'Emmanuel Macron. © Daniel ROLAND / AFP
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Clément Lesaffre, avec AFP , modifié à
Les places financières ont bien réagi à l’accession d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle et le voient déjà vainqueur.

Vu de l'extérieur, l'euphorie semble avoir gagné les marchés financiers mondiaux. Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, qui a désigné Emmanuel Macron et Marine Le Pen comme finalistes, les principales places boursières sont parties à la hausse. Dans la nuit, la Bourse de Tokyo ouvrait à +1,45% avant de finir quelques heures plus tard à +1,37%. L'Europe s'est réveillée d'encore meilleure humeur : +4,2% à Paris, +2% à Francfort (le Dax a même enregistré un niveau record en séance), +1,74% à Londres... L'euro a également grimpé face au dollar et au yen.

"Scénario parfait". Soulagés de voir le candidat d'En Marche! devancer son adversaire frontiste, les marchés anticipent désormais l'avenir. "Ils considèrent pour acquis le fait qu'Emmanuel Macron deviendra le prochain président de la République dans deux semaines", a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank. "C'est le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément", a commenté pour l'agence Bloomberg News Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York.

Mélenchon écarté. Depuis quelques semaines, les marchés étaient sérieusement inquiets de la dynamique de Jean-Luc Mélenchon, passé en un rien de temps de simple challenger à possible finaliste de l'élection. Finalement, le candidat de la France insoumise a échoué à la quatrième place, à moins de deux points de Marine Le Pen. Les acteurs du monde de la finance craignaient un face-à-face entre deux candidats aux programmes tout sauf libéraux. Le "spread", écart entre les taux d'emprunt français et allemand était parti à la hausse au moment où Mélenchon crevait le plafond des intentions de vote.

Programme rassurant. Lundi matin, ce même "spread" s'est resserré, signe que les investisseurs ont repris confiance quant à l'avenir de la dette française. En effet, Emmanuel Macron ne prévoit pas de dépenses excessives : 16 milliards, selon l'Institut Montaigne, think tank d'inspiration libérale. Dépenses qui seraient couvertes par 35,5 milliards d'économies supplémentaires. Un programme prudent qui rassure les marchés car en face, Marine Le Pen assume une hausse conséquente des dépenses publiques avec 102 milliards d'euros, selon le même institut.

Europe unie. Le positionnement européiste d'Emmanuel Macron est également porteur d'espoir pour les financiers. Sortie de l'euro et rupture avec l'Union européenne : le projet de Marine Le Pen fait trembler les marchés, après une année 2016 déjà bousculée par le Brexit. En revanche, Emmanuel Macron revendique une meilleure intégration européenne. Sa "victoire" a d'ailleurs été saluée par Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel, qui lui a souhaité "bonne chance pour les deux prochaines semaines". Une hypothétique victoire du candidat d'En Marche! le 7 mai promettrait la poursuite de la construction européenne à son rythme actuel.

Soulagement. Finalement, la bonne tenue des marchés mondiaux lundi matin doit être interprétée comme un soulagement plutôt que comme un cri de joie. Depuis le début de la campagne présidentielle, Marine Le Pen était donné finaliste et jusqu'à encore quelques jours avant l'élection, première en termes de voix. Un scénario qui donnait des sueurs froides aux marchés mais qu'ils avaient eu le temps de voir venir. "Vous savez, de toute façon, tous les scénarios ont été anticipés", affirmait un cadre de la Société générale à Europe1.fr le 13 avril. Reste que la tension a perduré toute la semaine dernière. Les marchés étaient crispés, attentistes, incapables de prendre des risques avant ce moment crucial.

Calme momentané. Les investisseurs estiment maintenant qu'ils peuvent respirer un bon coup... momentanément. Yuji Saito, analyste chez Crédit agricole a appelé à la vigilance : "Que va-t-il se passer entre aujourd'hui et le second tour ?". Scandale, attaques terroristes, "tout est possible", et "nous ne sommes certainement pas en position de tomber dans l'euphorie", a-t-il prévenu. "La question se posera (...) sur du plus long terme d'avoir la capacité pour Emmanuel Macron de regrouper une majorité parlementaire stable autour de lui. Le prochain rendez-vous se tiendra donc en juin pour les élections législatives", préviennent ainsi les analystes de Saxo Banque.

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