Les constructeurs automobiles font de plus en plus de partenariats avec les géants de la tech. 3:20
  • Copié
Aurélien Fleurot édité par Manon Bernard
Depuis quelques années les constructeurs automobiles se tournent vers les experts en données embarquées pour améliorer leurs voitures : les GAFAM. Ces géants du numérique grignotent peu à peu le marché pour venir se placer comme des acteurs incontournables de demain. Un juste équilibre préservé jusqu'à présent par le savoir-faire des fabricants. Mais jusqu'à quand ?

C’est un élément incontournable des voitures de demain : la data. C’est même ce qui a le plus de valeur. Elle représente toutes les données embarquées, soit tous les services connectés comme par exemple l’utilisation de la navigation. Alors pour gérer ces données, innover et améliorer les aides à la conduite, les constructeurs automobiles font appel aux meilleurs : les géants de la tech. Volkswagen a ainsi signé un partenariat avec Microsoft, Toyota avec Amazon et Renault avec Google.

Le risque est alors de se retrouver totalement englouti par l’entreprise de tech. En bourse, celle-ci est souvent cent fois plus valorisée qu'un constructeur automobile... Luca de Meo, le directeur général de Renault l’a bien compris. Et il a assuré lors de la présentation de son dernier plan stratégique que Renault deviendra à terme une "entreprise technologique qui intègre des véhicules". Et non plus l’inverse. Cette collaboration va d’ailleurs se renforcer. Dans quelques mois sortira la Megane e-vision, la première voiture avec le système d'exploitation Android intégré. Plus besoin de se connecter via son smartphone.

Rivian "est le principal concurrent identifié à l’avenir pour Tesla"

Il n’est donc pas question, pour l’instant, de voir sur les routes une Google Car ou une Apple Car. Le savoir-faire des constructeurs historiques leur permet de résister puisque que fabriquer une voiture c’est facile, mais des millions, cela devient bien plus complexe. A l’image de Tesla qui a frôlé la faillite au début de son activité.

Alors pour conquérir le marché, forts de cette expérience, les rois de la data choisissent différents modèles. Soit ils s'appuient sur un constructeur historique, comme Apple est en train d’essayer de le faire, soit ils investissent dans une start-up pour obtenir du sur-mesure, comme le fait Amazon avec Rivian. Pour Guillaume Kerbrat, cela ne fait aucun mystère, Rivian "est le principal concurrent identifié à l’avenir pour Tesla". "L’Amazon van, le véhicule autonome de livraison conduit par un employé du groupe, même s’il n’a pas vocation à fournir des voitures grand public sous sa marque, va mettre sur le marché des véhicules qui seront en concurrence directe avec ses partenaires", poursuit-il. Amazon en a déjà commandé 100.000 à son partenaire.

Les GAFA ne deviendront pas directement des constructeurs... mais les donneurs d'ordres. Une preuve que cette cohabitation ne sera pas simple réside dans le rapprochement raté entre Apple et Nissan. Le géant américain souhaitait une "Apple Car", mais il était impossible pour le constructeur japonais que le nom de Nissan disparaisse. Il risquait de passer pour un simple fournisseur.

Un processus largement entamé en Chine

Il n’y a pas que les GAFA qui gagnent du terrain sur les constructeurs automobiles. Leurs équivalents chinois BATX (pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) passent aussi à l’attaque. Le fabricant de téléphone portable Xiaomi, par exemple, vient d'annoncer un investissement de 10 milliards de dollars d'ici 2030 sur les voitures électriques en partenariat avec un des plus grands constructeurs de SUV en Chine.

De son côté, Alibaba, l'Amazon chinois, et SAIC Motor, constructeur numéro 1 dans le pays, viennent de lancer une marque de voitures électriques haut de gamme.