Le tribunal de commerce de Grenoble se penche mardi sur le rachat du groupe Go Sport. 1:31
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Noa Moussa avec AFP / Crédit photo : HENRIQUE CAMPOS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Le tribunal de commerce de Grenoble se penche mardi sur le rachat du groupe Go Sport, en redressement judiciaire depuis janvier, actuellement détenu par Hermione, People & Brands (HPB), une société de l'empire Ohayon. Qui est Michel Ohayon, cet homme d'affaires de 61 ans, dont l'empire prend l'eau de toute part ?

Quel avenir pour Go Sport ? Le tribunal de commerce de Grenoble se penche mardi sur le rachat du groupe Go Sport, en redressement judiciaire depuis janvier, actuellement détenu par Hermione, People & Brands (HPB), une société de l'empire Ohayon. Une vingtaine d'offres de reprise ont été reçues par le tribunal, dans le cadre d'un plan de cession, alors que le propriétaire du distributeur d'article sportifs a renoncé dans la dernière ligne droite à présenter un plan de continuation.

Deux offres émergent parmi les candidats au rachat : celle du britannique Frasers face à celle d'Intersport France. "Deux offres très sérieuses", avec "une casse sociale limitée", de l'avis de Christophe Lavalle, délégué Force ouvrière et membre du CSE de Go Sport, qui donne priorité à "la préservation du maximum des salariés".

Frasers face à Intersport France

Dans son offre finale, la filiale de Frasers, Sports Direct, s'engage à reprendre 75 magasins, au lieu de 74 initialement annoncés, et 136 des 227 salariés du siège, au lieu de 117 initialement repris. Dans les magasins, Sports Direct s'engage à reprendre 1.477 salariés, sur les 1.574 recensés.

Dans son offre, Sports Direct indique vouloir, "de manière raisonnée et progressive au cours des trois ou quatre prochaines années", faire passer les magasins Go Sport sous enseigne Sports Direct. Ombre au tableau, sa réputation a souvent été assombrie par ses pratiques sociales, qui ont fait l'objet de vives critiques par le passé, notamment sur les conditions de travail de ses salariés.

De son côté, Intersport France propose de reprendre 72 magasins, 1.446 salariés sur les 1.574 des magasins, et 185 salariés du siège (Groupe Go Sport).

En termes de ventes, le Groupe Go Sport pèse un peu plus de 7 millions de chiffre d'affaires sur l'année 2021, et Go Sport France un peu plus de 350 millions d'euros, selon les chiffres des administrateurs judiciaires.

La fin d'une success story ?

Lundi après-midi, le représentant syndical s'est dit "très content" d'apprendre le retrait de la holding Hermione People & Brands qui a annoncé dans un communiqué n'avoir pas pu conclure ses discussions "avec un partenaire de l'univers du sport, fortement intéressé par (son) projet de continuation".

Ce désistement intervient alors que le groupe de l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon traverse une passe difficile. Après la liquidation de l'enseigne Camaïeu (2.600 salariés) en septembre dernier, la holding de tête du groupe, la Financière immobilière bordelaise (FIB), s'est déclarée en cessation de paiement, l'enseigne Gap (350 salariés) récemment rachetée par Go Sport a été placée en redressement judiciaire et 25 magasins Galeries Lafayette ont été mis en procédure de sauvegarde. "Ce monsieur ne sait pas gérer les affaires" et "n'a aucun respect pour les salariés de Go Sport", a déclaré Christophe Lavalle à l'AFP tout en se félicitant que "deux repreneurs très importants dans le monde du sport se battent" pour le groupe. Mais qui est Michel Ohayon ?

Un homme d'affaires capable de tout acheter

C’est l’histoire d’un gamin de Casablanca arrivé en France à l'âge de deux ans. Un jeune garçon tchatcheur qui, a 22 ans, achète sa première boutique de vêtements. Il en ouvrira une quinzaine dans la foulée. 

En 1991, Michel Ohayon a 30 ans. L'immobilier commercial s'effondre et il en profite pour acheter à tour de bras des cafés et des hôtels 5 étoiles. Discret en public, invisible dans les médias, capable de vendre n’importe quoi à n’importe qui, capable de tout acheter ou presque.

Michel Ohayon a par exemple acheté un domaine viticole de Saint-Emilion, des écoles de commerce, plus de 30 millions d'euros d'œuvres de Chagall et des chaînes de prêt-à-porter que l'on connaît bien, Camaïeu, Gap, les Galeries Lafayette, Go Sport. Ces mêmes chaînes qui appartiennent à sa holding La Financière Immobilière bordelaise fragilisent aujourd’hui la 104e fortune de France avec ses 1,1 milliard d'euros de patrimoine. Soupçonné de faits délictueux, le businessman fait maintenant face à une enquête pour escroquerie en bande organisée ouverte par le parquet de Paris.