La Banque de France prévoit un pic du chômage supérieur à 11,5% mi-2021

La Banque de France anticipe un recul d'environ 15% du PIB au deuxième trimestre.
La Banque de France anticipe un recul d'environ 15% du PIB au deuxième trimestre. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans ses projections macroéconomiques jusqu'en 2022, publiées mardi, la Banque de France prévoit que le taux de chômage devrait atteindre plus de 10% fin 2020, et grimper jusqu'à un pic supérieur à 11,5% à la mi-2021

Après sa mise à l'arrêt pendant le confinement et son redémarrage progressif, l'économie française va mettre du temps à se remettre de la pandémie de coronavirus, prévient la Banque de France, qui anticipe une chute record d'environ 10% du PIB cette année, ainsi qu'un taux de chômage historique mi-2021, qui pourrait atteindre 11,5%. 

"Comme l'ensemble du monde, l'économie française a subi un choc d'une ampleur inédite au premier semestre 2020" avec le confinement strict mis en place mi-mars et levé mi-mai, affirme la Banque centrale française dans ses projections macroéconomiques jusqu'en 2022 publiées mardi. La reprise "progressive" entamée avec la levée du confinement et qui se traduira par un rebond de l'économie dès le troisième trimestre ne suffira pas a éviter une récession inédite de l'économie cette année.

Évaluée à -10%, cette prévision est proche des -11% anticipés par le gouvernement dans le troisième projet de loi de finances rectificative qu'il présentera mercredi en Conseil des ministres. Après cela, "2021 et 2022 seraient des années de redressement net mais progressif", prédit la Banque de France, avec une croissance de 7% prévue l'an prochain, puis une progression de 4% du PIB en 2022. Mais "ce fort rebond apparent ne permettrait pas de retrouver le niveau d'activité de fin 2019 avant mi-2022", prévient la banque centrale française. 

Un recul d'environ 15% du PIB au deuxième trimestre

En effet, l'économie française doit redémarrer à partir d'un niveau historiquement désastreux. Après le recul du PIB de 5,3% au premier trimestre, selon l'évaluation de l'Insee, l'économie devrait plonger d'environ 15% au deuxième trimestre, prévoit la Banque de France. Elle est un peu plus optimiste que l'Insee qui table sur une chute de 20%.

Car, selon la banque centrale, l'activité a rebondi au mois de mai, avec une perte d'activité estimée à -17% sur une semaine-type de la fin mai par rapport à la normale, contre -27% en avril et -32% fin mars. Et le mois de juin devrait confirmer cette tendance, avec une perte d'activité ramenée à -12%.

Mais l'élément "essentiel" de la reprise sera le rythme du rebond de la consommation des ménages. Il est "probable que la montée attendue du chômage et le contexte global de forte incertitude continuent de peser sur les comportements d'achats", juge la BdF. Avec une épargne cumulée autour de 100 milliards d'euros, le taux d'épargne des ménages dépassera les 22% cette année et la consommation reculera de 9,3%.

Chômage : un niveau au-dessus des précédents historiques

Si le dispositif massif de chômage partiel mis en place par le gouvernement va quelque peu ralentir l'impact de la crise sur l'emploi et le pouvoir d'achat cette année, le taux de chômage devrait atteindre plus de 10% fin 2020, et grimper jusqu'à un pic supérieur à 11,5% à la mi-2021, un niveau "au dessus des précédents historiques", projette la Banque de France. Et là encore, il faudra attendre 2022 pour le voir redescendre à 9,7%. Le pouvoir d'achat devrait lui légèrement reculer de 0,5% cette année, avant de repartir à la hausse mais à un rythme bien plus faible que l'activité. 

L'ensemble de ce scénario de reprise repose sur une circulation du Covid-19 persistante mais sous contrôle et une économie qui s'adapte aux contraintes sanitaires. Et il ne tient pas compte des futures mesures de relance que le gouvernement devrait prendre, à la fois dans son nouveau budget rectifié et dans le plan de relance annoncé pour la rentrée. Cette reprise pourrait aussi être plus rapide si une solution médicale pérenne arrivait mi-2021, note la Banque de France. Ou à l'inverse beaucoup plus lente si l'épidémie reprenait de la vigueur et imposait de nouveau des mesures de confinement, prévient-elle.