Cagnotte Leetchi 3:16
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Mathilde Durand , modifié à
Leetchi, le site internet permettant de créer des cagnottes en ligne, est sous le feu des critiques. Certains utilisateurs assurent en effet ne pas pouvoir encaisser l'argent récolté, voire même ne plus retrouver leurs cagnottes en ligne. Alix Poulet, directrice générale de Leetchi, leur répond jeudi sur Europe 1.

La colère gronde du côté des utilisateurs Leetchi, la plateforme permettant de créer des cagnottes en ligne. Certains témoignages font état de disparition de cagnottes, d'accès bloqué ou encore d'argent impossible à toucher. Pendant le confinement, le site a été très utilisé pour aider les soignants ou les personnes en difficulté face au Covid-19. Pascale Prestat, chocolatière parisienne, avait ainsi récolté 1.600 euros de dons pour offrir des chocolats au personnel soignant. Mais au moment d'encaisser l'argent, sa cagnotte avait disparu. En cherchant sur les réseaux sociaux, elle trouve un groupe Facebook au sein duquel quelque 1.300 utilisateurs vivent le même souci. Alix Poulet, directrice générale de Leetchi, réagit sur Europe 1.

Pas de disparition de cagnottes

"Heureusement, on n'a pas de disparition de cagnotte. On est dans une période très sensible, la crise sanitaire a révélé le meilleur comme le pire, elle a engendré un élan de solidarité sans précédent et une recrudescence des actes malveillants. Ces deux facteurs nous ont obligé à redoubler de vigilance pour assurer la sécurité des fonds collectifs", assure Alix Poulet. "En l'espèce, cette cagnotte a peut-être été l'objet d'une tentative de dépense frauduleuse et on a donc bloqué les fonds. Le temps de sécuriser la cagnotte, elle a été rendue inaccessible."

"Je tiens à rassurer les créateurs de cagnottes et les participants, aucune cagnotte ne disparaît et on garantit aux utilisateurs que les fonds iront bien aux bénéficiaires légitimes des collectes", poursuit-elle. 

Pourtant, certains utilisateurs ont vu leur cagnotte bloquée bien avant la période sanitaire. Une avocate défend notamment plusieurs créateurs de cagnotte dont le préjudice remonte à l'année dernière. De plus, selon la juriste, les conditions générales de Leetchi n'indiquent pas que l'entreprise a le droit d'exercer un droit de rétention sur la cagnotte, pour une quelconque raison. "On comprend la frustration légitime de certains créateurs qui attendent de recevoir les fonds collectés sur leur cagnotte. Et je présente mes excuses pour les délais de traitements allongés", débute Alix Poulet.

Les cagnottes soumises à des vérifications manuelles 

"Nous n'avons aucun intérêt à conserver les sommes qui sont collectées sur nos plateformes. On dispose d'une licence bancaire qui nous permet d'offrir un service de paiement, qui ne nous autorise absolument pas à placer les fonds collectés. On ne fait pas fructifier ces sommes. Les sommes que l'on conserve, on doit les sécuriser. Cela nous coûte de l'argent : des frais techniques, de sécurisation, des frais bancaires", contextualise la directrice-générale.

"Simplement, nous sommes un établissement régulé, agréé en tant qu'intermédiaire en financement participatif, et à ce titre on a l'obligation de vérifier l'objet des cagnottes et la bonne destination des fonds. Pour cela, on a des outils de vérification automatique qui permettent à la grande majorité des cagnottes d'être validées automatiquement, il suffit d'une simple pièce d'identité. Et puis pour certaine, lorsqu'il y a des suspicions sur l'utilisation des fonds, on procède à des vérifications manuelles", explique Alix Poulet.

Ce sont ces vérifications, selon elle qui ont été rendues plus complexes par la crise sanitaire. Leetchi a dû faire face à un double enjeux. A la fois un volume de cagnotte très important créé en un mois (environ 10.000 cagnottes en lien avec le Covid-19 et 18 millions d'euros collectés), mais en parallèle la recrudescence des actes malveillants qui aurait par ailleurs incité les autorités à inviter tous les acteurs à faire preuve de mesures de contrôle renforcées.