ÉDITO - "Condamner la solidarité, c'est un problème" : Jean-Michel Aphatie dénonce la clôture de la cagnotte Leetchi en soutien à l'ex-boxeur

  • Copié
Jean-Michel Aphatie, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Selon l'éditorialiste d'Europe 1, il n'y avait pas plus "mauvaise décision" que de suspendre la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger. Ce n'était "pas une prime pour casser du flic", mais plutôt "pour aider quelqu'un", estime-t-il.

>> Vivement critiquée par plusieurs responsables politiques et syndicaux, la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger, l'ancien boxeur accusé d'agression contre des gendarmes mobiles lors de "l'acte 8" des "gilets jaunes" samedi, a été suspendue par Leetchi. Pour Jean-Michel Aphatie, "c'est la plus mauvaise chose que l'on pouvait faire".

"Je pense que c'est une très mauvaise décision, qui devrait nous mettre en colère. Cette cagnotte pour Christophe Dettinger répondait à des valeurs que nous partageons, qui sont des valeurs de solidarité et de fraternité. Les ministres, les responsables politiques, les leaders syndicaux de la police qui l'ont critiquée étaient davantage animés par un esprit de vengeance que par autre chose.

Pour comprendre toutes ces affirmations, il faut établir un calendrier assez précis de l'histoire de Christophe Dettinger. Il agresse un gendarme, samedi dernier à 15h, sur une passerelle qui relie une rive de la Seine à l'autre. Les images sont effrayantes, d'une violence insoutenable. L'attitude de Christophe Dettinger est condamnable. Il sera condamné par la justice et il le mérite.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Dimanche soir, avant de se rendre à la police lundi matin, Christophe Dettinger publie une vidéo dans laquelle il explique son geste. Et il fait plus que cela, il s'en excuse. 'J'ai mal réagi', dit-il. Quand il publie sa vidéo, Christophe Dettinger dit : 'Je ne suis pas un exemple. Il ne faut pas faire ce que j'ai fait.' Il ne dit pas : 'Amis gilets jaunes, faites comme moi. Allez taper des gendarmes et des policiers.' Il dit l'inverse. Il dit : 'J'ai fait une erreur.' Et ça, c'est à mettre à son crédit.

"Gilets jaunes" : l'un des gendarmes agressés par un boxeur témoigne :

Lundi matin, il se rend aux policiers et lundi dans la journée, la cagnotte est lancée sur Leetchi. Cette cagnotte, d'abord, elle doit servir à payer des frais de justice parce que Christophe Dettinger, il n'est pas comme d'autres personnes qui sont prises par la justice. Il n'a pas l'argent pour y faire face. Donc il y a de la fraternité de la part de gens qui vont verser de l'argent dans la cagnotte.

Et puis cette cagnotte a aussi pour but d'aider sa femme et ses trois enfants parce que là, il n'y a plus de salaire et demain, il n'y aura peut-être plus d'emploi. C'est de la solidarité et les gens qui ont donné dans cette cagnotte, on ne peut pas les accabler comme l'ont fait certains ministres de manière totalement indigne.

Entendu sur europe1 :
Quand on a un peu d'argent, on se défend. Quand on n'en a pas, on fait appel à la solidarité. Et condamner la solidarité, c'est un problème

Ce n'est pas un prime pour casser du flic, c'est une prime pour aider quelqu'un. Quand on a un peu d'argent, on se défend. Quand on n'en a pas, on fait appel à la solidarité. Et condamner la solidarité, c'est un problème. Mardi, on a vu Renaud Muselier, président de la région Paca, faire une cagnotte pour les policiers. S'il n'y avait pas eu la cagnotte pour Christophe Dettinger, il n'aurait pas eu cette idée. Ça, c'est de la vengeance.

Je pense que les 'gilets jaunes', depuis le début, posent un grave problème à la démocratie. Non pas par les revendications qu'ils posent mais par le ton, la manière, la haine, l’intolérance qu'ils introduisent. Mais si on répond à leur intolérance par de l'intolérance, on y perdra tous, on ne sortira pas de cette crise.

Les gens qui ont cotisé à la cagnotte expriment une méfiance terrible des institutions et leur cracher à la figure comme on l'a fait en la suspendant, c'est la plus mauvaise chose que l'on pouvait faire."