Déficit commercial : pourquoi la France devrait prendre exemple sur l'Italie

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Le déficit commercial de la France a atteint 16,8 milliards d'euros en septembre (Illustration). © CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
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Margaux Fodéré et AFP
Le déficit commercial de la France a atteint 149,9 milliards d’euros en septembre sur un an. Il s'agit du plus important déficit commercial des pays de la zone euro. Pour vaincre ce déficit, la France peut s’inspirer de l’Italie, qui l’a fait en moins de dix ans. Europe 1 fait le point avec l'économiste Marc Touati.

Avec un record à 16,8 milliards d'euros en septembre, le déficit pour les échanges de biens met la France sur les rails d'un bilan annuel historiquement mauvais en matière de commerce extérieur et d'une année 2023 toujours morose. Le déficit commercial de la France a atteint 149,9 milliards d’euros sur un an, le plus important des pays de la zone euro. Un mal endémique puisque la balance commerciale française est déficitaire depuis 20 ans. Alors comment faire pour inverser la tendance ?

Un pays l’a fait, avant la crise énergétique : l’Italie, et en moins de dix ans.

Des investissements pour moderniser l’industrie

En 2004, la balance commerciale italienne est déficitaire d’un milliard d’euros. Huit ans plus tard, en 2012, elle dégage plus de neuf milliards d’euros d’excédents. Cette réussite s’explique d’abord par la modernisation de l’industrie italienne dans les années 2000, selon l’économiste Marc Touati, alors que la France a tardé à investir. "L’Italie a tout misé sur son industrie du nord, sur certains produits textiles, mais également au niveau de certains biens d’équipement. C'est là où l’Italie a pu passer d’un déficit chronique à un excédent assez important", indique-t-il auprès d'Europe 1.

Cette montée en gamme de l’industrie italienne a été portée par les commandes allemandes et suisses. Mais notre voisin italien a aussi su miser sur les marchés émergents, comme la Chine, avec qui il a signé pour plus de deux milliards d’euros d’accords commerciaux en 2010.

Des réformes de la fiscalité

Enfin, l’Italie a mené d’importantes réformes pour alléger la fiscalité, au prix d’une réduction des dépenses publiques. "En réduisant le coût du travail, non pas en réduisant les salaires mais notamment les charges qui pèsent sur les salaires en Italie, elle a réussi à retrouver une certaine compétitivité", note Marc Touati.

Pour autant, ces excédents commerciaux n’ont pas permis à l’Italie de retrouver le chemin de la croissance, qui est toujours inférieure à son niveau d’avant crise financière. Et la crise énergétique pourrait aussi détruire les excédents commerciaux de l’Italie, très dépendante des importations d’énergie.