Défense européenne : une aubaine pour l'industrie militaire française qui sera confrontée au défi de la hausse de la production
Face à la menace russe et au changement de position des États-Unis, les Européens veulent augmenter leurs dépenses dans la défense pour devenir plus indépendants. Une bonne nouvelle pour l'industrie française, parmi les leaders de l'armement dans le monde. Problème, les armes françaises rencontrent le succès, pour le moment, en dehors des frontières de l'UE. Pour changer la donne, la cadence va devoir augmenter.
"Les États européens doivent (...) être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression. Quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper", a déclaré ce mercredi soir le président Emmanuel Macron. Une bonne nouvelle pour les industriels français de la défense comme Thalès, Dassault ou MBDA.
Mais si la filière est déjà en forme, elle va devoir monter sa cadence de production pour faire face à ce défi. L'industrie française de la défense est déjà très solide, puisque près de 4.000 entreprises sont regroupées dans ce secteur, pour un chiffre d'affaires cumulé de 30 milliards d'euros par an.
Des Européens très dépendant des Américains
Une bonne santé qui permet à la France de se placer deuxième exportateur au monde en la matière. Mais les commandes viennent en majorité de pays hors Union européenne. "Le carnet de commandes ne se porte pas trop mal pour la plupart des entreprises. Maintenant, le souci, c'est que peu de ces commandes viennent d'Europe ou de la France", note au micro d'Europe 1, Léo Péria-Peigné, chercheur sur les questions d'armement à l'IFRI.
Ainsi, l'Hexagone reste largement dépendant des États-Unis pour un certain nombre de ses armes, tandis que les Européens, eux, achètent 60 à 80% de leur matériel militaire hors de l'Union européenne.
Une cadence qui augmente progressivement
Alors, pour séduire ses voisins, l'industrie de la défense française doit monter en cadence. Et cette stratégie a déjà commencé. "Sur les missiles, on a multiplié par quatre la capacité de production. Chez Dassault, la cadence a été multipliée par deux. Tout ceci n'est pas assez, mais c'est déjà un bon départ. Les deux points qui sont à régler, ce sont bien sûr les financements, mais aussi le personnel", insiste de son côté le général Dominique Trinquant, spécialiste des questions de défense.
Selon la Direction générale de l'armement, 10.000 postes sont à pourvoir et des dizaines de milliards d'euros sont nécessaires pour pouvoir augmenter le rythme de production.