Thermomètre 1:28
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Hélène Terzian, édité par Mathilde Durand
L'arrêt de la production dans les usines en Chine à cause du coronavirus peut avoir des conséquences positives. Une usine de thermomètres en Seine-et-Marne a relancé sa production en France, en augmentant ses cadences. Une situation qui fait réfléchir Gérard Lux, son chef d'entreprise, sur une relocalisation à plus long terme. 
REPORTAGE

C'est une des conséquences inattendues, et même positives du coronavirus. Avec l’arrêt de la production en Chine, le made in France retrouve des couleurs. C'est le cas dans une usine de fabrication de thermomètres en verre de Seine-et-Marne. La majorité de sa production destinée aux particuliers et aux industriels était délocalisée en Chine. Mais avec les mesures de confinement et l'arrêt des usines, l’entreprise Still a relancé sa production à fond dans l’Hexagone. "On a augmenté notre cadence, de 100 on est passé à 120 tubes à l’heure", explique Martine, employé depuis 17 ans, interrogée par Europe 1.

80% de la production délocalisée en Chine

La société Still comptait 50 personnes jusqu'en 2005, seulement 5 au moment du rachat par le patron Gérard Lux. Désormais ils sont 15 à assurer la fabrication des thermomètres. "Mon prédécesseur a transféré presque 80% de la production en Chine. C’était des thermomètres bébé, pour le jardinage, pour l'agriculture. Des modèles standards", explique le président. 

"En France on a toujours continué à fabriquer, pour ne pas arrêter complètement la production. Là, nous avons toutes les matières premières pour produire tout ce qui est en verre. Et j’ai identifié 15 références que nous pouvons produire immédiatement. Actuellement mes opérateurs fabriquent des produits qu’on n’avait pas fabriqué depuis 10, 15 ans", précise Gérard Lux. "Le coronavirus est une opportunité de garder le savoir-faire en France."

 

"Cela valorise notre savoir-faire, que l’on va transmettre à des jeunes", renchérit Martine. Pour faire face à la demande, la société a besoin de nouveau bras. Sandra vient d’être embauchée il y a trois semaines. "C’est la première fois que je travaille avec le verre, il y a beaucoup de travail", confie-t-elle.

Le risque de perdre un savoir-faire

Alors que les marchés financiers s'affolent, et que la croissance française pourrait être impactée par l'épidémie de Covid-19, Gérard Lux se veut rassurant. La situation le pousse à repenser l'organisation de l'entreprise. "Si jamais on peut relocaliser et éviter d’être toujours soumis à des transports lointains... Le risque c’est qu’en France il n’y ait plus de savoir-faire", souligne le chef d'entreprise. "Nous ne sommes plus que cinq fabricants de thermomètres en Europe. Un en Angleterre, un en France et trois en Allemagne. Si nous perdons ce savoir-faire en France, c’est encore en Allemagne que vont se récolter les bénéfices."

Pour l'entrepreneur, le pari reste risqué. Les prix des thermomètres vont augmenter avec cette relocalisation. Les consommateurs doivent suivre. "Je considère que j’ai fait mon travail d’entrepreneur", assume Gérard Lux. "Les bâtiments nous appartiennent, les machines ont été modernisées et automatisées, j'ai embauché du personnel. Maintenant je ne suis pas dans la peau du client final, s’ils veulent des prix chinois pour une production française… Le miracle, je ne sais pas faire."