Bourse USA 3:03
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Mathilde Durand , modifié à
Alors que l'épidémie de coronavirus se propage dans le monde, les économies mondiales s'inquiètent. Mardi, la banque centrale américaine a annoncé une baisse de ses taux d'intérêts. Pour la cheffe économiste à l'OCDE, Laurence Boone, c'est aux gouvernements d'agir pour limiter l'impact de ce "choc économique temporaire". 
INTERVIEW

L’épidémie mondiale de coronavirus pourrait avoir de grandes conséquences sur l’économie. Lundi, l’OCDE a lancé un avertissement : la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année, dans le meilleur des cas. Le G7 et l'Eurogroupe se mobilisent. La Banque mondiale a débloqué une aide de 12 millions de dollars destinés à aider les pays les plus pauvres et la Réserve fédérale américaine (FED) a annoncé mardi une baisse de ses taux d'intérêt pour protéger les Etats-Unis des conséquences du virus. Laurence Boone, chef économiste à l’OCDE fait le point sur Europe 1.

Une action isolée qui inquiète les marchés

"Il y a de l'inquiétude car beaucoup d'incertitudes sur le virus et les mesures de confinement qui vont avec", précise Laurence Boone. "Les banques centrales se sont dites prêtes à agir, et une des façon d'agir c'est de baisser les taux d'intérêt pour que toutes les personnes, entreprises ou État qui ont un emprunt ne se retrouvent pas face à des difficultés pour payer."

Wall Street déchantait après s'être envolée au moment de l'annonce de la FED : le Dow Jones cédait 2% et le Nasdaq 1,58%. "Les marchés attendaient un mouvement coordonnés, un peu comme ce qu'il s'est produit quatre jours avant où les quatre banques centrales les plus importantes du monde ont émis des communiqués", analyse l'économiste. L'action isolée de la FED a provoqué des interrogations sur les marchés. "Est-ce que le gouvernement ne sait pas agir ?"

Au niveau européen, les taux d'intérêts sont déjà bas. La marge de manœuvre n'est pas la même. Néanmoins, Laurence Boone se veut rassurante. "Ce n'est pas une crise financière mais plutôt un choc économique si l'on devait le caractériser. Ce n'est pas d'une action des banques centrales dont on a besoin, à part ce geste rassurant, mais d'actions de la part des gouvernements." Elle cite plusieurs exemples : s'assurer que les entreprises ne vont pas avoir de problème de trésorerie, ou que les personnes ne vont pas avoir de problèmes de chômage, de revenus durant les périodes de confinement. "C'est plus pour le gouvernement que pour les banques centrales."  

Dépenser pour faire face à un choc économique temporaire

Laurence Boone appelle le gouvernement à dépenser pour faire face à ce choc économique temporaire. "On peut faire plusieurs choses : s'assurer que les personnels de santé vont être bien rémunérés durant cette période par exemple, s'assurer que les entreprises ont assez de liquidité, de trésorerie. Pour cela, l'État peut suspendre ou repousser le paiement des charges et impôts pour qu'elles continuent de fonctionner et de garder les gens en emploi". 

"Je pense qu'à cette époque avec les risques économiques que l'on a, il faut vraiment aider les personnes et les entreprises à traverser ce choc. Si on repousse les paiements d'impôts, si on en supprime, si on fait des dépenses pour maintenir les personnes dans l'emploi cela va impacter les finances publiques. Il faut absolument l’accommoder pour freiner le choc économique et pour repartir le plus vite possible." Elle espère beaucoup de la future réunion de l'Eurogroupe, les ministres des Finances des pays de la zone euro, afin qu'ils s'accordent sur l'assouplissement des règles, notamment celle des 3% de déficit, pour prendre des mesures ciblées.