Nicolas Bouzou 4:31
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Coline Vazquez , modifié à
Invité de la matinale de Bernard Poirette sur Europe 1, l'économiste Nicolas Bouzou a assuré samedi qu'il était "tout à fait légitime de mettre le monde en récession pendant quelque temps" pour pouvoir limiter au maximum l'épidémie de coronavirus qui touche la France et le monde entier. 
INTERVIEW

"C'est un cas absolument unique". C'est ainsi que l'économiste Nicolas Bouzou qualifie la période économique pour le moins incertaine causée par la propagation mondiale du coronavirus. Pour l'essayiste, les dépenses colossales qu'implique la lutte contre cette épidémie sont "des investissements justifiés". "Je sais que ce que je vais dire va étonner, mais c'est tout à fait légitime de mettre le monde en récession pendant quelque temps pour pouvoir limiter au maximum l'épidémie et imaginer qu'on puisse reprendre une vie économique normale", a-t-il ainsi déclaré au micro de la matinale de Bernard Poirette sur Europe 1, samedi. "On a la récession. On ne va pas se mentir, il y a des mesures très puissantes qui sont prises en ce moment mais la récession on l'aura, mais elle est justifiée." 

Selon le président du cabinet Asteres, cette reprise pourrait être espérée "au mieux en septembre". En Chine, où elle a timidement commencé, elle se fait très lentement. "Quand vous arrêtez des usines et que vous les relancez ça ne se fait pas en un jour", analyse-t-il. D'autant que, qui dit reprises de l'activité implique un risque de nouvelles contaminations. "Ce qu'on surveille de très près en chine, c'est que les gens repartent travailler, reprennent les transports donc il faut quand même surveiller que l'épidémie ne reparte pas avec l'économie. Il faut faire très attention à cela", commente-t-il. 

Les salariés et les entreprises protégés

Mais face à l'inquiétude ambiante, Nicolas Bouzou veut rester confiant : "Ce qui est clair, c'est que la gestion économique mise en place par l’Italie, par la France, par l'Allemagne me semble tout à fait excellente", assure-t-il, se félicitant que la France ait mise en place des mesures pour "protéger les salariés". Ainsi, "beaucoup de gens qui ne peuvent plus travailler soit parce qu'il y a moins d'activité économique dans leur entreprise, soit parce qu'ils doivent garder leurs enfants à la maison, soit parce qu'ils sont eux-mêmes en quarantaine, il faut bien répéter que tous ces gens-là ne perdront pas d'argent. Ils seront indemnisés soit par l’assurance-maladie, soit par l'activité partielle", détaille-t-il en référence aux mesures annoncées par le gouvernement ces derniers jours.

Des mesures également tournées vers les entreprises comme le confirme Nicolas Bouzou : "Si votre entreprise a de grandes difficultés parce qu'elle n'a plus de chiffre d'affaires, si vous êtes dans l'événementiel par exemple ou dans la formation professionnelle ou le tourisme, vous ne travaillez pas, mais votre salaire est pris en charge, on va dire pour 99% des gens, par l'Etat".

Un coût "qu'on a tout à fait raison d'assumer"

Et "je me permets de profiter de votre antenne pour dire aux entreprises qu'elles doivent aller sur le site du ministère de l’économie où elles auront tous les contacts pour procéder à des étalements de charges sociales, d'impôts, elles peuvent même négocier le fait de ne pas payer de charges sociales ou d’impôts ou d'avoir des reports de TVA", ajoute-t-il, précisant que des dispositifs sont également mis en place par la banque publique d'investissement qui garantie les prêts de trésorerie. "Donc, en théorie, les banques doivent continuer de financer les entreprises", précise, encore, l'économiste. 

Des annonces qui auront donc un coût "très, très élevé, mais qu'on a tout à fait raison d'assumer", selon Nicolas Bouzou qui compare la situation actuelle "à une grande crise économique ou à une guerre". "Notre endettement public va exploser ces prochains mois ou ces prochaines années, mais nous ferons les comptes après, donc on prendra des mesures après", ajoute-t-il. Et de conclure : "Tout ce que l'on fait ça aura un coût moins important, à terme, que l'inaction".