Chez GM&S : "On finira avec le RSA, et voilà"

Non diplômés et majoritairement dans la cinquantaines, les salariés de GM&S sont pessimistes pour leur avenir.
Non diplômés et majoritairement dans la cinquantaines, les salariés de GM&S sont pessimistes pour leur avenir. © PASCAL LACHENAUD / AFP
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Martin Feneau et A.D
Le repreneur potentiel de l'équipementier auto ne garderait que 120 salariés sur 277. Les employés de l'usine balancent entre fatalisme et désarroi. 
REPORTAGE

Le sort de l'équipementier auto GM&S est loin d'être réglé. Les discussions ont repris hier à Bercy, mais sur fond de désaccord avec le repreneur potentiel GMD sur les indemnités de licenciement. Si l'entreprise reprenait le site de La Souterraine, dans la Creuse, elle ne garderait que 120 salariés sur 277. Les syndicats l'accusent de refuser d'indemniser les salariés au-dessus du montant fixé par la loi. Certains ouvriers, découragés, cherchent déjà du travail ailleurs, d'autres sont résignés.

"On va finir avec le RSA". Un cadre de métal noirci et tordu, des câbles fondus, une machine de l'usine retombe sur un tas de cendres dans la cour. Elle brûle. Jean-Marc a mis le feu, avant, dit-il, qu'on le licencie. "Qu'est-ce que vous voulez faire ? C'est comme ça. J'ai 52 ans. Est-ce que vous considérez que je suis sur la pente ascendante de ma carrière ? Est-ce que je fais envie ? Je ne pense pas. Si je ne trouve pas, moi, personnellement, mon propre boulot, je ne pense pas que la société va me l'offrir en Creuse. On fera avec ce qu'on aura. On finira avec le RSA et voilà."

"Je suis prête à partir". Le repreneur envisage de maintenir une centaine d'emplois. Mais Monique, elle, n'a plus envie de travailler ici. "Je préférerais partir. On a vécu tellement de choses. C'est notre troisième redressement judiciaire. On s'est battus pour en arriver là. Je pense que ça va laisser des traces. J'ai peur de ne pas être à l'aise pour continuer à travailler ici. Dans ma tête, je suis prête à partir. Je passerai par la case Pôle emploi et j'essayerai de retrouver un travail en comptabilité. Espérons", se projette-t-elle. Mais la plupart des salariés ont plus de 50 ans et aucun diplôme. "Notre unique savoir-faire, c'est de manipuler des machines comme celle qui brûle dans la cour", soupire l'un d'eux.