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Lionel Gougelot, avec AFP , modifié à
Le gouvernement a proposé ce lundi un scénario pour éviter une fermeture de ce site du nord de la France possédé par le fabricant japonais Bridgestone. Il éviterait la moitié des 843 licenciements annoncés en investissant 100 millions d'euros et en passant par une restructuration. 

Poursuivre la production de pneus à Béthune en conservant plus de la moitié des salariés : c'est le "scénario" proposé lundi par le gouvernement français au fabricant japonais Bridgestone pour éviter une fermeture de ce site du nord de la France.
Ce projet industriel basé sur une expertise du cabinet Accenture prévoit une production sur place de 3 millions de pneus de qualité supérieure et éviterait plus de la moitié des 843 licenciements annoncés. Il suppose une restructuration, 100 millions d'euros d'investissement et de 25 à 40% de gains de productivité.

 

Environ 500 emplois maintenus avec ce scénario

Ce scénario porterait sur la "suppression de 300 à 400 emplois, soit 460 à 560 emplois maintenus", a précisé le ministère de l'Industrie, qui avait initialement parlé de 400 emplois sauvés. La ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher l'a présenté à une quarantaine de représentants des salariés et d'élus locaux lors d'une réunion de plus de deux heures à Bercy. "Nous avons demandé à Bridgestone de prendre le temps de creuser ce scénario complémentaire", a expliqué Agnès Pannier-Runacher. "Nous ne nous laisserons pas faire, nous allons nous battre pour donner un avenir industriel à ce site. (...) J'espère que nos amis japonais mesurent ce qui est en jeu au niveau humain à Béthune".

Mi-septembre, Bridgestone avait brutalement annoncé la "cessation définitive" de l'activité du site, qui emploie plus de 860 personnes, à l'horizon 2021, invoquant une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

"Le marché du pneu en Europe est difficile"

Selon la contre-expertise d'Accenture, "le marché du pneu en Europe est difficile, les chiffres communiqués par Bridgestone sont fondés et les scénarios qu'ils avaient regardés n'étaient pas viables économiquement. Mais il y a un scénario qu'il est intéressant de creuser", a poursuivi Agnès Pannier-Runacher. La direction de Bridgestone a assuré avoir "accepté d'examiner avec Accenture sa viabilité durant les prochaines semaines", tout en continuant à négocier les mesures sociales pour les salariés et à chercher de possibles repreneurs.

"Accenture a commencé à explorer la possibilité de maintenir une partie de l'activité, au prix d'une réduction significative de la taille et des effectifs du site et d'une hausse importante de la productivité", indique le groupe dans un communiqué. "Cette possibilité repose néanmoins sur des hypothèses qui nécessitent d'être détaillées et travaillées." "C'était une réunion constructive, ça fait du bien de se sentir soutenus", a dit Stéphane Ducrocq, l'avocat représentant les salariés de Bridgestone. "On espère aller vers autre chose que cette fermeture". "Notre grosse crainte aujourd'hui, c'est le temps qui passe", a-t-il poursuivi. "La fermeture, si elle a lieu, est prévue pour le 2 mai. Ils pourraient nous balader pendant trois ou quatre mois et finalement fermer".