Arnaqué en ligne, Alain a perdu plus de 139.000 euros : "Ils essayaient de me sécher complètement"

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Alain Acco, édité par Maxime Dewilder , modifié à
Dans un contexte de taux bas, la tentation de rendements plus alléchants fait encourir des risques parfois inconsidérés aux épargnants : en deux ans, la perte liée aux escroqueries financières a été évaluée à au moins 1 milliard d'euros par les autorités. Alain était au micro d'Europe 1 pour témoigner.
TÉMOIGNAGE

Depuis début juillet 2017 à fin juin 2019, le préjudice financier issu d'arnaques aux placements se chiffre à "au moins 1 milliard d'euros", ont estimé mardi le Parquet de Paris, les régulateurs boursier (AMF) et de la banque assurance (ACPR). Tous les placement sont touchés : immobilier, cryptomonnaie et même le vin.

Au delà de cet ordre de grandeur officiel, il existe un "chiffre noir important en la matière puisque beaucoup de personnes ne signalent pas les faits dont elles ont été victimes", a souligné le Procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, au cours d'une conférence de presse commune. Les principales victimes sont les retraités, les plus de 50 ans. Les malfaiteurs attirent les acheteurs par internet, ou au téléphone, avec des numéros français. Tout est fait pour paraître crédible.

"9 virements pour une somme de 139.000 euros"

 

Alain, 69 ans, en a fait les frais après l'achat de cryptomonnaies. Et lui a décidé de témoigner : "J’ai démarré avec un premier virement de 9.200 euros. Et puis ça a augmenté pour arriver à 9 virements pour une somme de 139.000 euros. Mon compte grossissait et grossissait, tout allait pour le mieux. Le premier mois, j’ai effectué un retrait de 3.000 euros seulement. Ils sont arrivés dans les 5 ou 6 jours. Je me suis dit ‘ça a l’air de fonctionner’".

Mais le Procureur de la République surenchérit : "Nous sommes face à une délinquance extrêmement agile et évolutive". Il a souhaité alerter le grand public sur ces pratiques frauduleuses dévastatrices non seulement sur le plan patrimonial mais aussi humain. Et en effet, les choses se sont corsées pour Alain.

"Ils essayaient de me sécher complètement"

Le sexagénaire raconte comment la situation a dégénéré : "J’ai demandé à ce qu’ils me virent 30.000 euros et il s’est avéré que la société avait plié bagages, en m’annonçant qu’ils avaient tout perdu. Une semaine après, le téléphone sonne. C’était quelqu’un qui me proposait de recouvrir mes fonds contre 35.000 euros. Ils essayaient de me sécher complètement. Ils avaient un discours parfaitement rôdé. Je n’avais ni les connaissances ni le pouvoir de rechercher une quelconque malhonnêteté".

Ces trois dernières années, les outils juridiques ont été renforcés, que ce soit au niveau national ou européen. Et la coopération judiciaire internationale "progresse", assure-t-on. Mais les autorités de supervision financière comme judiciaires reconnaissent avoir besoin de la vigilance des épargnants qui doivent adopter les bons réflexes afin d'endiguer ce fléau: signaler "les offres douteuses", porter plainte en cas d'escroquerie et conserver l'ensemble des échanges avec les malfaiteurs pour espérer les identifier.