Dette : l’Espagne rejoint le club des BBB

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G.V. avec agences , modifié à
L'agence Fitch a dégradé la note de l'Espagne, qui paie désormais très cher tous ses emprunts.

L'Espagne n'arrive plus à inspirer confiance aux investisseurs, comme l'a confirmé l'agence de notation Fitch, qui a abaissé jeudi de trois crans la note de ce pays, qui tombe de A à BBB. Une autre agence de notation, Standard & Poor's, avait fait de même fin avril, si bien que cette annonce était déjà largement anticipée par les marchés.

Ces derniers et les membres de l’Union européenne avaient néanmoins les yeux rivés jeudi sur l’Espagne, mais pour une autre raison. Le pays passait quelques heures plus tôt une sorte de "test de confiance" en lançant un emprunt pour combler son déficit. Madrid a bien réussi à récolter les deux milliards d’euros escomptés, mais le taux d’intérêt à payer pour cet emprunt, en nette hausse, montre que la méfiance persiste.

Un emprunt réussi mais très coûteux

2,074 milliards d’euros. Tel est le montant qu’à réussi à emprunter le Trésor espagnol à un taux de 6,044% sur 10 ans. Le 19 avril, l’Espagne ne devait s’acquitter "que" de 5,743% de taux d’intérêts, signe que la situation économique du pays continue d’inspirer un peu plus de méfiance chaque jour. A titre de comparaison, le taux d’intérêt accordé à la France le même jour s’est élevé à seulement 2,1%.

Malgré ce coût très élevé d’un tel emprunt, l’Espagne et ses partenaires européens sont paradoxalement soulagés que l’opération soit bouclée : l’effet aurait été désastreux si l’Espagne n’était pas parvenue à lever le montant qu’elle s’était fixé. Mardi, le ministre du Budget espagnol avait tiré la sonnette d'alarme : "L’Espagne n’a pas d’accès aux marchés ". C'est désormais chose faite.

Prochain objectif : consolider le secteur bancaire

Une fois ce test de solvabilité réussi, l’Espagne va devoir s’atteler un problème bien plus épineux : recapitaliser ses banques, qui avaient massivement investi dans la pierre et se retrouvent aujourd’hui dans le rouge avec l’éclatement de la bulle immobilière.

Mais rares sont les investisseurs prêts à mettre de l’argent dans ces banques, si bien que c’est l’Espagne qui va faire l’intermédiaire et pourrait même se charger de récolter les fonds nécessaires. Le FMI  estimerait cette aide entre 40 et 80 milliards d’euros, croit savoir le quotidien espagnol ABC.

Une constante : éviter un plan de sauvetage

Madrid négocie donc actuellement pour que le fonds de secours européen (FESF) prête à ses banques, quitte à récolter l’argent pour ensuite le distribuer à son secteur bancaire. Par une telle manœuvre, l’Espagne espère éviter le désastreux symbole que représenterait un plan de sauvetage européen.

Un tel mécanisme placerait le pays sous tutelle et irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux, ce que refuse catégoriquement le gouvernement Rajoy.

La stratégie espagnole est donc simple : bien distinguer les problèmes budgétaires de l’Etat de ceux des banques du pays. Si appel à l’aide il y a, il ne concernera que le secteur financier. Les investisseurs croient d’ailleurs en ce plan de sauvetage "sur mesure" des banques, puisqu’ils ont apporté à l’Espagne les deux milliards qu’elle souhaitait emprunter.