Les librairies rouvriront lundi, mais pas dans les mêmes conditions qu'avant la crise (photo d'illustration). 6:47
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Pauline Rouquette , modifié à
Comme la plupart des commerces, nombre de librairies vont pouvoir rouvrir leurs portes dès lundi. Une réouverture rendue possible pendant le confinement mais que le syndicat de la librairie française a préféré repousser, afin de reprendre l'activité dans les meilleures conditions. Xavier Moni, président du syndicat était l'invité d'Europe 1, dimanche.
INTERVIEW

C'est un secteur qui était déjà fragile, et que la crise sanitaire liée au coronavirus a davantage affaibli. Les librairies pourront elles aussi rouvrir dès lundi, mais dans des conditions sanitaires très strictes. En effet, pas question de flâner, de toucher ou de feuilleter les ouvrages. "Malheureusement, on va devoir réapprendre ou retravailler par rapport à ce que l'on faisait avant le 17 mars", explique Xavier Moni, libraire parisien et président du syndicat de la librairie française.

Invité d'Europe 1, dimanche, celui-ci a expliqué comment le métier allait devoir faire preuve d'adaptation, après avoir décliné une première fois l'offre du gouvernement de rouvrir les librairies pendant le confinement.

"On a pris la bonne décision"

"Ce virus interdit tout ce qui fait la caractéristique et le bonheur de notre métier", regrette Xavier Moni, énumérant le contact avec le client, la proximité, les échanges, le conseil... "Il va falloir que l'on continue de faire tout ça, mais on ne pourra plus faire comme avant, et ce, pendant une période indéterminée", poursuit-il. Aussi, le président du syndicat de la librairie française l'assure : le secteur fera tout pour que les équipes soient disponibles pour les clients, pour que les lieux soient agréables et que les clients s'y sentent en sécurité. "On aura toujours la spécificité de l'objet livre qui est l'envie de le toucher et le feuilleter, mais il va falloir être plus raisonnable par rapport à ça."

Raisonnable. Le syndicat a mis un point d'honneur à l'être dès le début de la crise sanitaire, ne saisissant pas la main tendue par le gouvernement qui suggérait, au début du confinement, que les librairies pouvaient être rouvertes. "On a toujours mis une forme de principe de responsabilité pendant la crise et on n'a pas revendiqué la réouverture des librairies lors du pic de l'épidémie", rappelle Xavier Moni, précisant que, si la librairie est indispensable et nécessaire, "elle n'était pas non plus vitale à ce moment".

Qui plus est, celui-ci ajoute qu'une reprise hâtive de l'activité aurait généré des flux de clients, et aurait contraint un certain nombre de personnes à travailler sur les chaînes logistiques et de production. "Ce n'était pas raisonnable et indispensable, a posteriori, je suis sûr que l'on a pris la bonne décision".

"On a travaillé main dans la main avec les éditeurs"

Aujourd'hui, alors que la priorité du secteur était d'attendre que la situation sanitaire s'améliore pour ouvrir dans de meilleures conditions, l'heure est venue pour les libraires de relever le rideau. "On travaille sérieusement à rouvrir dans de bonnes conditions pour nos équipes et pour nos clients qui vont pouvoir rentrer dans les magasin, moins nombreux, et avec des précautions sanitaires et un protocole assez encadrés afin de redonner confiance à tout le monde", assure Xavier Moni.

Pour ce qui est de la reprise de l'activité, et de la promotion des nouveautés, le libraire parisien est confiant. "On a travaillé main dans la main avec les éditeurs pour faire en sorte que la machine ralentisse", explique-t-il. "Vous allez retrouver les nouveautés qui devaient sortir la semaine du 18 mars". La vie de la librairie reprendre donc là où elle s'est arrêtée, et le rôle du libraire sera ici de redonner une vie à tous ces titres qui, sortis juste avant le confinement, n'ont pas pu trouvé leur public.

"On a besoin d'un geste politique fort"

Au total, la vente de livres accuse une baisse de 33%. Un effondrement du chiffre d'affaire des librairies qui pourrait se faire sentir davantage dans le courant de l'été et à la rentrée littéraire, explique Xavier Moni, insistant sur le cas des petites librairies indépendantes.

Pour l'heure cependant, ce dernier dit attendre des annonces concernant le secteur du livre. "J'espère que ce qu'a promis le président de la République concernant un plan massif d'aide à la culture, n'oubliera pas le livre et la lecture qui sont des piliers de notre société", affirme-t-il. "La France et le gouvernement s'honoreraient à promouvoir un vrai plan pour faire de la lecture une vraie cause commune et un vrai plan national en 2020 et 2021", abonde le président du syndicat de la librairie française. "Tout le monde a dit que pendant la période de confinement, le livre et la lecteur étaient essentiels à la vie, mais je crois que l'on a besoin d'un accompagnement et d'un geste politique fort".