Qui est Invincible, le super-héros adapté en série par le créateur de "The Walking Dead" ?

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Depuis le 26 mars, un nouveau super-héros a fait son apparition en série sur la plateforme Amazon Prime Video : Invincible. Ce héros méconnu et singulier est tiré d'un comics publié entre 2002 et 2018 et créé par Rombert Kirkman, le créateur des zombies de "The Walking Dead". Une série originale qui mélange sitcom, humour et violence.

C'est une rivalité aussi vieille que les super-héros eux-mêmes : depuis les années 1940, deux maisons d'édition se partagent la quasi-intégralité des justiciers costumés. D'un côté, Marvel et ses Avengers (Captain America, Iron Man, Thor, Hulk…) ; de l'autre, DC Comics et sa Justice League (Batman, Superman, Wonder Woman…). Deux mastodontes qui ne laissent que des miettes à la concurrence. Mais les miettes sont parfois des pépites, à l'instar d'Invincible, édité par Image Comics et adapté en série d'animation sur Amazon Prime Video (un épisode chaque vendredi depuis le 26 mars). Un super-héros qui gagne à être connu.

Super-héros de père en fils

Invincible, publié de 2002 à 2018 aux États-Unis, est une création de Robert Kirkman, le papa des zombies de la série The Walking Dead. Avant d'être le créateur de cette célèbre série (elle-même adaptée de ses romans graphiques), il a d'abord été un jeune auteur de comics. Invincible est sa première série réellement aboutie, débutée à seulement 24 ans. Le personnage principal est un adolescent de 17 ans, Mark Grayson. Il va au lycée, il drague les filles, il lit des comics… Bref, un ado comme les autres. À un détail près : son père, Nolan Grayson, n'est autre qu'Omni-Man, le super-héros le plus puissant de la Terre.

Le comics, comme la série qui en est tirée, débute alors que Mark, après des années d'attente, voit enfin éclore ses pouvoirs : un soir, alors qu'il jette les poubelles, au lieu d'atterrir dans la benne, elles s'envolent dans l'espace. Tout comme son père, l'adolescent possède une force surhumaine, peut voler à toute vitesse et est quasiment invulnérable. Après un entraînement (pas si facile de voler !), il prend le nom d’Invincible et revêt un costume noir, jaune et bleu, assez criard. Et c'est parti pour des combats acharnés contre les criminels et les monstres qui envahissent la Terre.

Détourner avec humour les codes des super-héros

Sur le papier, le pitch d'Invincible ressasse tous les poncifs éculés du genre super-héroïque. Mais ça fonctionne car Robert Kirkman traite le sujet avec beaucoup de légèreté et d’humour. C’est très second degré. Quand Omni-Man entraîne son fils, l'auteur détourne la traditionnelle scène de transmission père-fils à l'américaine avec l'indispensable gant de baseball. Sauf que le paternel envoie la balle à la vitesse de la lumière pour lui faire faire le tour de la Terre, charge au fils de la rattraper comme il peut. Il s'amuse également à mettre en scène des dîners de famille faussement classiques : pendant que la mère de Mark détaille le menu, son père raconte comment il a terrassé un dragon à Hong-Kong.

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Cette "banalité" de la vie de super-héros est l'un des points forts d'Invincible. Mark se démène pour sauver le monde tout en étant à l’heure pour le dîner et en cachant sa double vie à sa copine. Robert Kirkman pioche allègrement dans l'imaginaire des films et des séries américains pour donner un vernis de sitcom à son histoire… et pour mieux en détourner les codes. Si la série, comme les comics, multiplie les combats contre des méchants toujours plus extravagants, ils sont souvent anecdotiques. C'est bel et bien le quotidien de Mark Grayson qui est au cœur du récit.

Une histoire de filiation bien amenée

Pour autant, Invincible n'est pas qu'une simple parodie des BD de super-héros, sous-genre lui-même déjà bien éclusé. Derrière l'humour se dessine un récit autour de la filiation. La relation entre Mark et son père constitue le cœur émotionnel de l'histoire et ce thème est abordé avec beaucoup de finesse. Mark a beau être très fort, il vit dans l’ombre de son super-père, encore plus puissant que lui et adulé partout où il passe. Un poids très lourd à porter pour l'adolescent qui doit en permanence faire ses preuves aux yeux du monde et des autres super-héros.

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C'est encore plus marqué une fois passés les cinq premiers chapitres du comics ou les deux premiers épisodes de la série. Robert Kirkman introduit alors un événement qui bouleverse totalement les relations entre les personnages principaux. C'est un autre point fort d'Invincible : le récit est plein de surprises, de virages soudains et de coups de théâtre bien sentis. Pour ceux qui ne souhaiteraient pas attendre la diffusion au compte-goutte de la série, Delcourt a publié l'intégrale du comics en trois volumes. Les deux premiers sont déjà parus et le troisième sortira en juin. Soit tout de même 900 pages, bonus compris.

Une violence qui tranche et qui surprend

Le dernier aspect qui distingue Invincible des histoires de super-héros traditionnelles est la direction artistique. Les dessins de Cory Walker (pour les huit premiers chapitres) puis de Ryan Ottley tranchent avec les comics Marvel et DC. Là où les grosses écuries déploient d'importants moyens pour des dessins toujours plus détaillés, l'œuvre d'Image Comics se démarque par sa simplicité avec des graphismes très colorés et des fonds parfois unis presque anachroniques. Un style unique détaillé dans chaque opus de l'intégrale avec plus de 50 pages de croquis et de commentaires.

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Mais ce style simpliste ne fait pour autant d'Invincible une BD enfantine, loin de là. Attention, la violence est omniprésente dans les pages, et la série se révèle très fidèle sur ce point. Elle ne vient pas immédiatement mais quand elle arrive, c'est un véritable bain de sang avec têtes explosées, membres arrachés et ventres éviscérés. Un parti-pris visuel qui rappelle celui de The Boys, autre comics en marge des super-héros classiques, lui aussi adapté en série par Amazon Prime Video. Cette violence est le dernier twist d'Invincible, série à la fois familière et surprenante.