Le théâtre de l'Odéon est occupé pacifiquement depuis une semaine par les intermittents. 1:28
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Angèle Chatelier, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Depuis maintenant une semaine, une cinquantaine d'intermittents du spectacle occupent le théâtre parisien de l'Odéon pour réclamer une prolongation de l'année blanche, ainsi que la réouverture des lieux culturels. Europe 1 est allée à la rencontre de ces comédiens, musiciens et techniciens. 
REPORTAGE

"Nous exigeons une prolongation de l'année blanche." Comme chaque jour depuis maintenant une semaine, les intermittents qui occupent pacifiquement le théâtre parisien de l'Odéon organisent deux assemblées générales par jour. En plus d'une prolongation de l'année blanche [la prolongation des droits d'indemnisations, ndlr] jusqu'en août 2022, ils souhaitent aussi voir rouvrir les salles de spectacles le plus vite possible. Car la promesse du Premier ministre Jean Castex et de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot de mettre 20 millions d'euros sur la table pour venir en aide au secteur ne suffit pas, selon les manifestants. 

"Il y a plein de gens qui ne travailleront pas encore après l'ouverture des salles"

"C'est une miette", affirme au micro d'Europe 1 Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d'Artistes Musiciens de France), qui fait partie des quelque 50 personnes qui occupent le théâtre. "Il y a plein de gens qui ne travailleront pas encore après l'ouverture des salles. On doit les sécuriser pour qu'ils puissent avoir le droit au chômage un peu plus longtemps afin de tenir bon jusqu'à la fin de toute cette histoire."

"Ce sont de véritables amateurs", lâche Samuel Churin, membre de la Coordination des intermittents et précaires, qui occupe aussi le théâtre de l'Odéon, dans la matinale d'Europe 1. "Quand on prépare une réunion comme ça, normalement on a des choses à promettre, à donner et là il ne se passe rien". "A ce point, c'est de la provocation", s'agace-t-il, pointant le fléchage de cette somme, en faveur des grosses structures mais rien pour les plus petites compagnies. Parmi les autres revendications des manifestants : des droits pour les intermittents de l'emploi et le retrait de la réforme de l'assurance chômage, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet.

Une dizaine de salles concernées

"On est très loin de ce que l'on demande", ajoute de son côté Rebecca, une comédienne qui occupe elle aussi l'Odéon. Les 20 millions d'euros promis par le gouvernement l'ont fait "rire jaune", explique-t-elle à Europe 1 entre la "commission banderole" et la "commission ravitaillement", qui fait la liste de ce qu'il manque pour tenir le siège du théâtre

Et si le confort est loin d'être au rendez-vous, Rebecca l'assure, "on sait pourquoi on est là, donc on n'y pense pas". Sans compter que pour adoucir les mœurs, une fanfare joue tous les jours sur les marches devant le théâtre. Une façon pour ces intermittents de se faire entendre autrement. Et force est de constater que cela fonctionne, au moins en partie, puisque les occupations de lieux culturels se multiplient en France avec désormais une dizaine de salle concernées. 

Une occupation que la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a jugé "inutile" et "dangereuse" pour les "lieux patrimoniaux français. "C'est monstrueux de dire une chose pareil. C'est elle qui est inutile et dangereuse", rétorque Samuel Churin sur Europe 1. "Ce n'est pas possible de se faire traiter comme ça d'enfant. On est absolument respectueux des lieux dans lesquels on travaille."