Mort de Jean Pormanove : Clara Chappaz veut faire de la plateforme Kick «son combat» et lutter contre les «voyous du numérique»
Après la mort tragique du streamer Jean Pormanove, diffusée en direct sur la plateforme Kick, la ministre du Numérique Clara Chappaz monte au front. Face à l’inaction de la plateforme et à l’émotion suscitée par cette affaire, elle réunit ce mardi ministres et autorités compétentes pour exiger des mesures concrètes.
Réunion de crise. Le streamer Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, âgé de 46 ans, est décédé le 18 août 2025, au cours d'un marathon de streaming d’environ 300 heures en direct sur la plateforme Kick. Ce décès a profondément choqué l’opinion publique, d’autant plus qu’il est survenu en direct sous les yeux de milliers de spectateurs, pour la plupart très jeunes. Des images montrant "JP" inanimé dans un lit, recouvert d'une couverture, ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux.
Face à l’émotion provoquée par cette affaire, la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a exprimé une position claire et ferme. Elle a immédiatement saisi l’Arcom et transmis un signalement à Pharos, la plateforme officielle de lutte contre les contenus illicites en ligne. Elle a également exigé des comptes de la part de Kick, plateforme de streaming accusée de laxisme. Mais Clara Chappaz ne compte pas s’arrêter là puisqu’elle a promis de faire de cette dernière son "combat".
Réunion de crise ce mardi
Chose promise, chose due. Ce mardi 26 août, la ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique organise une réunion de crise réunissant l’ensemble des parties prenantes gouvernementales et institutionnelles à savoir le ministre de la Justice, de l’Intérieur, l’Arcom et les services de Pharos.
Selon son entourage, Clara Chappaz souhaite accélérer les discussions autour d’une réglementation plus contraignante pour les plateformes, en particulier celles domiciliées à l’étranger comme Kick. Pour la ministre, les responsables de la plate-forme australienne Kick sont des "voyous du numérique" qui se "font des milliards en exploitant un certain nombre de vulnérabilités du numérique et de vulnérabilités humaines" sur une plateforme "avec moins de modération que les autres".
En décembre 2024, Mediapart révélait déjà des faits préoccupants. Sur la chaîne Jean Pormanove, des streamers comme Narutovie et Safine infligeaient à Jean Pormanove et à un autre homme en situation de handicap des traitements humiliants et violents comme des gifles, jets de peinture, mises en scène d’étranglement. À l’époque, une enquête pour violences sur personne vulnérable avait été ouverte, mais les protagonistes avaient affirmé qu’il s’agissait de mises en scène acceptées.
La ministre n’hésite pas à parler de "Far West numérique", dénonçant une situation où les règles sont contournées, les plateformes dépassées, et les victimes oubliées. Face à l’ampleur du scandale, la plateforme Kick a banni les co-streamers impliqués dans les diffusions controversées et a affirmé collaborer avec les autorités françaises.