2:10
  • Copié
Aurélie Dupuy , modifié à
L'humoriste juge certains de ces jeunes confrères à la limite de la dangerosité en traitant de sujets sans y avoir réfléchi.
INTERVIEW

Une vie rêvée ne suffisait pas à Michel Boujenah. Il a donc décidé de poursuivre son premier spectacle et de créer Ma vie encore plus rêvée avec lequel il est en tournée. Dans le spectacle, l'humoriste mélange vrai et faux, mais assure que "les émotions qui sont dedans" sont les plus sincères du monde. Invité au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, il en a aussi profité pour pousser un coup de gueule.

"Vague très fragile, parfois un peu malsaine". Sa cible ? Certains confrères. "Des humoristes ne réfléchissent pas quand ils parlent", regrette-t-il. "On est dans le monde de l’immédiat. De Twitter, de Facebook. Ils vont très vite, réagissent souvent à chaud et souvent, ça leur arrive de dire des conneries et des choses fausses et ça peut être très dangereux", annonce-t-il en préambule. "Quand je vois Alex Lutz, Blanche Gardin, Alex Vizorek… C’est merveilleux. Et j’en vois d’autres qui sont très populaires et qui surfent sur une vague très fragile, parfois un peu malsaine. Il y en a qui ne se rendent pas compte. Il se servent de l’humour comme alibi pour dire n’importe quoi. On peut rire de tout, mais pas n’importe comment", dit-t-il en transformant la phrase de Pierre Desproges. Et d'asséner : "Si le sujet est fragile, compliqué, sensible, il faut faire rire fragile compliqué, sensible. Si on ne sait pas le faire, on ferme sa gueule."

Entendu sur europe1 :
Il y en a qui ne se rendent pas compte. Il se servent de l’humour comme alibi pour dire n’importe quoi. On peut rire de tout, mais pas n’importe comment

"Gilets jaunes". Michel Boujenah s'emporte ainsi contre les propos d'un humoriste au sujet des 'gilets jaunes'. Celui-ci disait : 'Le pouvoir s’étonne de la violence des gilets jaunes mais il oublie qu’il a envoyé des gaz lacrymogène.' Ce qui fait sortir Michel Boujenah de ses gonds : "Mon cul oui ! Les mecs qui cassent, ils ont des casques, des masques. Ils n’ont rien à voir avec la dame qui est retraitée et qui se bat parce qu’on lui a piquée de l’argent sur sa retraite ou les gens qui n’ont pas d’argent pour manger. Les mecs qui vont dans la bagarre et qui sont dans la violence, c’est des mecs super-organisés (…) Et ce jeune humoriste, qu’est-ce qu’il fait ? Il dit que ces violences, c’est juste à cause de la police. C’est faux. Et en plus, ces gens qui cassent font du mal au mouvement des 'gilets jaunes'. L’humour ne permet pas tout", estime-t-il, avec 40 ans de scène derrière lui.

Une carrière qui lui a permis de récolter deux César, mais pas encore de Molière pour récompenser ses spectacles. "Ouais, ça me ferait plaisir", avoue-t-il, avant de relativiser : "On ne peut pas tout avoir dans la vie, je suis quand même beaucoup gâté." Il s'apprête d'ailleurs, entre autres projets, à jouer Le Marchand de Venise, réaliser un nouveau film et lancer bientôt un programme court sur les premières rencontres amoureuses.