Le festival Solidays annulé : "C'est une décision très dure à prendre pour Solidarité Sida"

Le festival Solidays, prévu par Solidarité Sida du 19 au 21 juin, est annulé en raison du coronavirus. D'après les organisateurs, plus de 65% de la billetterie était déjà vendue et le record d'affluence de l'année dernière, 228.000 spectateurs, était bien parti pour être battu. "C'est une décision très dure à prendre pour Solidarité Sida", confie Luc Barruet, directeur fondateur de l'association Solidarité Sida et de Solidays. 

"D'abord parce que nous y sommes profondément attachés, et parce que c'est un événement profitable à tous. Sur le plan financier cet événement nous sert à financer des programmes d'aide aux malades en France et à l'étranger. C'est une dure réalité de prendre cette décision qui va nous imposer de trouver des solutions à la question financière." En 2019, Solidarité Sida a soutenu 108 projets d'aide aux malades portés par près de 80 associations partenaires dans 22 pays. 

"Ce festival génère plus de 3 millions d'euros de résultats chaque année, depuis quelques années", estime Luc Barruet. "Ces programmes d'aide aux malades, se pose la question de leur avenir. Avec cette annulation, bien évidement l'avenir du festival est en suspens, la réalité de Solidarité Sida au quotidien va être difficile." L'événement représente 70% des ressources de l'association. 

Un report trop compliqué 

On a d'abord essayé de trouver des solutions, puisqu'on a d'abord essayé de reporter le festival début septembre, ce qui s'est avéré très compliqué", explique Luc Barruet. "En bout de parcours, ce qui est très difficile pour un producteur, un organisateur quand on porte cette responsabilité, c'est de se dire 'jusqu'où je cours le risque ?' Piloter un projet de la taille de Solidays, et même plus petit, dans l'incertitude, sans savoir si trois semaines avant la manifestation on aura l'autorisation, c'est intenable." 

"On peut pas tenir dans ces conditions", ajoute l'organisateur, qui plaide pour une annonce du président sur les événements de l'été. "Une interdiction reportée tous les mois, cela ne suffit pas. Les cycles d'organisation d'une manifestation de cette taille sont beaucoup plus longs que celui-ci."

Dans l'attente d'un calendrier clair 

Les organisateurs des différents festivals de l'été attendent un calendrier clair. "Certains ont déjà perdu des artistes, tous les internationaux il y a peu de chances qu'ils prennent la route dans ces conditions. La réalité que l'on traverse en France n'est pas toujours celle de leur pays. Imaginez les artistes américains, il y a peu de chances qu'ils se retrouvent sur les routes cet été pour les festivals", souligne le fondateur. "La deuxième chose c'est que vous avez des billetterie à vendre, quand vous enlève deux, trois mois de billetterie ce n'est pas évident de savoir si vous allez vendre en quinze jours, trois semaines suivant la date à laquelle vous avez l'autorisation. Et surtout tous les prestataires, la mise en oeuvre, la production répond à un calendrier qui est déjà fixé et qu'on ne peut pas faire bouger comme ça." 

"Je ne doute pas que l'on va se battre pour retomber sur nos pattes, parce qu'on l'a déjà fait par le passé. Mais bien évidemment, la situation aujourd'hui est très délicate. Entre le 20 avril et le 20 juin, il va nous falloir trouver les 3 millions qui manquent sinon l'avenir est en suspens", indique Luc Barruet. Pour s'en sortir l'association va faire appel à ses partenaires, publics et privés, afin de maintenir les subventions. "C'est pas dans notre ADN de faire appel à la solidarité, maintenant au regard de la situation peut-être qu'on va être amené à le faire", confie-t-il. Les festivaliers qui ont déjà acheté leurs billets peuvent ne pas demander le remboursement par exemple, et leurs tickets seront valables pour une prochaine édition. 

L'affiche de cette année était particulièrement riche, avec près de 80 concerts regroupant entre autres les Black Eyed Peas, Anderson. Paak, Metronomy, Aya Nakamura, Niska, M, PNL, Justice, Suzane ou encore Sean Paul.