Le cinéma fête ses 125 ans, "et il ne mourra pas", assure Thierry Frémaux

  • Copié
Romain David
Invité mardi d'Europe Matin, Thierry Frémaux, le directeur du Festival de Cannes et de l'Institut Lumière, assure que les plateformes de vidéos à la demande ne prendront pas le pas sur les salles de cinéma, particulièrement malmenées par la crise sanitaire. À ses yeux, rien ne pourra remplacer l'expérience d'un grand écran dans une salle obscure.
INTERVIEW

Supposés accueillir à nouveau du public à partir du 15 décembre, les cinémas, comme les salles de spectacles, ont vu leur réouverture reportée au 7 janvier face aux mauvais chiffres de l'épidémie de Covid-19 en France. Directeur du Festival de Cannes et de l'Institut Lumière, Thierry Frémaux a voulu adressé un message d'optimisme aux professionnels et au spectateurs : dans une tribune publiée samedi par Le Journal du Dimanche il assure que le cinéma ne sera pas emporté par la crise, à la faveur des plateformes de vidéos à la demande, devenues en ce temps d'épidémie le principal vecteur de consommation de films.

"Ce n'est pas faire preuve d'une sorte de béatitude un peu niaise que de dire : le cinéma ne mourra pas", explique Thierry Frémeaux au micro d'Europe Matin, en ce mardi 29 décembre, alors que la veille marquait le 125e anniversaire de la première projection payante du cinématographe, organisée le 28 décembre 1895 à Paris par les frères Lumière.

"Les spectateurs sont prêts à retourner dans les salles dès lors qu'elles ouvriront", assure Thierry Frémaux, qui en veut pour preuve ce qui s'est passé au moment du premier déconfinement. "Pendant le premier confinement, on a eu très peur. Et puis, quand le 22 juin le gouvernement a rouvert les salles de cinéma, les gens sont revenus. Et au moment où elles ont refermé, fin octobre, elles étaient à nouveau pleines", rappelle-t-il. "Il n'y avait pas de blockbusters américains, mais les gens sont allés voir autre chose."

"La télévision fabrique de l'oubli, le cinéma fabrique des souvenirs"

En 2019, les salles françaises ont réalisé plus de 210 millions d'entrées. Pour 2020, la fréquentation pourrait ne pas dépasser les 65 millions, selon une estimation du Centre national du cinéma et de l’image animée. Désormais, les plateformes de VOD envisagent de sortir conjointement aux salles certains films, ce qui permettrait aux producteurs de compenser la baisse de rentabilité liée aux fermetures.

Mais pour Thierry Fremaux, le public continuera d'aller chercher au cinéma une expérience sensorielle que ne peut lui offrir un écran d'ordinateur ou de télévision. "La France n'est pas une exception. Dans le nord de l'Europe, la fréquentation des salles était tout à fait extraordinaire. En Corée, au Japon, c'est tout à fait extraordinaire. Au Japon, les salles sont ouvertes, et il y a des films qui battent tous les records de fréquentation", s'enthousiasme-t-il. Et de citer Jean-Luc Godard : "La télévision fabrique de l'oubli, le cinéma fabrique des souvenirs".