De la musique au large ? "Le cockpit du bateau, c’est une petite salle de concert", raconte François Gabart

  • Copié
Jean-Philippe Balasse, édité par Rémi Duchemin
Le skipper de 36 ans s’apprête à s’élancer mardi pour une toute nouvelle course, la Brest-Atlantiques. Il raconte à Europe 1 son rapport forcément particulier de navigateur en solitaire avec la musique, indispensable compagne de voyage.

Europe 1 vous propose de prendre le large. Et pas avec n’importe qui : avec François Gabart, le recordman du tour du monde en solitaire, depuis décembre 2017. Le skipper de 36 ans prend mardi matin le départ d’une toute nouvelle course, la Brest-Atlantiques, une épreuve en double réservée à la classe Ultime, ces trimarans géants volontiers qualifiés de Formule 1 de la mer. Avant le départ, François Bart raconte à Europe 1 sa relation particulière à la musique, souvent sa seule compagne de voyage.

Car oui, quand on est engagé dans un tour du monde en solitaire, on a le temps, et l’envie, d’écouter de la musique, jure François Gabart. Mieux, cela l’aide à se concentrer. "L’habitacle, le cockpit du trimaran Macif, c’est un cockpit fermé, donc ça fait une petite salle de concert qui n’est pas si mal que ça. Et c’est vrai que pour moi, la musique, c’est de l’émotion, qui ne me coupe pas des bruits du bateau", explique le navigateur.

"La musique se mélange avec le bruit du bateau"

"Ce qu’il faut comprendre - c’est quelque chose dont on ne se rend pas forcément compte - c’est qu’on se sert énormément des oreilles pour régler, pour conduire un bateau », assure encore le skipper. "La musique se mélange avec le bruit du bateau. Il y a une espèce de veille auditive quelque part, assez particulière. Il y a une musique, une mélodie, un rythme qui se met en place. Donc quand ce rythme est un peu brisé, interrompu, souvent c’est qu’il y a quelque chose sur le bateau, qu’il faut intervenir."

Musique classique, jazz, chanson française… François Gabart écoute un peu de tout. L’idée, c’est de tromper la solitude, d’écouter une autre voix que la sienne. Alors, quelle playlist pour François Gabart quand il est au large ? "Qu’est-ce que je vais écouter ? Je prends machinalement mon téléphone : Mathieu Chedid, Charlotte Cardin, Broken back… un petit peu de tout", répond le navigateur. "Y a même du Orelsan, Angèle, Bobby McFerrin... Et du coup, il n’y a pas mieux pour apprécier pleinement certaines musiques, que cette ambiance-là du large, avec ce son qui est parfois super fort."

Un coup de cœur pour Ben Mazuet

Un goût très éclectique donc, mais il y a quand même un chanteur que François Gabart aime particulièrement, c’est Ben Mazuet, un jeune auteur-compositeur. Le skipper l’écoute en boucle. Ils ont une histoire tous les deux. Le skipper avait eu droit à une belle surprise lors de son tour du monde. "Il avait sorti un album quelques semaines avant le record. Et en plus Ben Mazuet m’avait fait l’immense, le cadeau assez extraordinaire, il m’avait envoyé, pendant le record, une chanson, un medley qu’il avait fait pendant la course et que j’avais reçu à bord du bateau le jour où j’avais passé le cap Horn", raconte François Gabart.

Un message qui commençait comme ça ! "François, tu n’imagines pas l’honneur qui est le mien de savoir que tu fais traverser le monde à mes chansons. Alors je voulais te remercier pour ça et aussi te donner de la force. Là où tu es, le tour du monde en solitaire à la voile, voici qu’il y a  de mieux", disant le chanteur. François Gabart en est encore tout retourné. "Il faut s’imaginer. On fait un tour du monde, on est loin de tout, sur la boîte mail du bateau j’ai téléchargé une chanson de Ben Mazuet. Je me dis ‘c’est quoi’ ? et en fait il m’avait fait une petite chanson pour moi. A chaque fois que je l’écoute, ça m’émeut d’une manière  extraordinaire. C’est un cadeau qui est fabuleux."