Le début de l'année 2021 risque d'être marqué par un nombre important de grosses productions débarquant en salles après de multiples reports. 3:45
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Mathieu Charrier et Angèle Chatelier, édité par Romain David
Privés de salles de cinéma à cause des confinements, de nombreux producteurs se sont tournés vers les plateformes en ligne pour assurer une diffusion à leurs films. Désormais, le gouvernement voudrait contraindre ces acteurs numériques à financer la création cinématographique française.
ENQUÊTE

Le Covid-19 n’en a pas fini de bousculer l’industrie cinématographique. Le reconfinement et la fermeture des cinémas ont engendré, comme au printemps dernier, le report de nombreux films. Dernier en date : le prochain OSS 117, prévu pour début février et qui a été repoussé au 14 avril. Idem pour Les Tuches 4, le film qui devait sortir à Noël n’arrivera pas en salle avant trois mois.

De quoi craindre à la fin du confinement un embouteillage de grosses productions dont les films indépendants pourraient bien faire les frais, dans la mesure où le nombre de salles obscures risque d’être insuffisant pour permettre de tout diffuser.

Des sorties de gros films directement sur Netflix ou Apple TV 

Et même pour les sorties les plus attendues, il faudra encore que le public soit au rendez-vous. Lors du premier déconfinement, la fréquentation globale plafonnait autour du million de spectateurs par semaine, soit quatre fois moins qu’avant la crise. Face à cette situation, de nombreuses productions atterrissent directement sur les plateformes de vidéos à la demande qui sont capables d'allonger suffisamment d'argent, comme Netflix ou Disney+.

Ainsi, le polar Bronx d’Olivier Marchal est arrivé fin octobre sur Netflix, quand tous les opus précédents du réalisateur étaient sortis sur grand écran. Même situation pour la césarisée Sofia Coppola et son prochain film, On the rocks, attendu sur Apple TV.

Taxer les plateformes de VOD

Désormais, le ministère de la Culture veut mettre à contribution ces plateformes en leur imposant de financer la création française, à hauteur de 20 à 25% de leur chiffre d’affaires réalisé en France, soit une manne estimée à 300 millions d’euros par an.

En échange, les plateformes de VOD réclament la possibilité d’une diffusion rapide, après la sortie en salles, des films qu’elles auront contribué à financer.

Des tournages sous haute surveillance sanitaire...

Mais il n’y a pas que la transformation économique du cinéma que la crise du Covid-19 bouscule. La production a elle-aussi dû s’adapter aux conséquences de la crise. À la différence du premier confinement, les tournages ne se sont pas arrêtés et actuellement une douzaine de films sont en train d’être réalisés en France, dans un respect strict des règles sanitaires.

Paul, technicien sur le tournage du Torrent, le prochain film d’Anne Le Ny, actuellement en tournage dans les Vosges, a dû s’improviser assistant infirmier. "Je t’ai donné une fiche pour le PCR de demain matin ? Il y a une infirmière qui vient de 9 heures à 11 heures". Il rappelle régulièrement à la quarantaine de membres de l’équipe qu’ils doivent se faire tester.

Il y a d’abord eu un test PCR avant le tournage, qui maintenant doit être renouvelé tous les quinze jours. Il ne faut prendre aucun risque, dans la mesure où il est impossible pour les acteurs en train de jouer, pour un caméraman ou un preneur de son de respecter le mètre de distance. Tout le monde porte son masque, même la star du film, José Garcia, qui ne le quitte qu’au tout dernier moment.

... et financièrement impactés

Si trois personnes sont testées positives, le tournage s'arrête. Ce protocole anti-Covid a déjà coûté 10.000 euros à la production car il a fallu, faute d’hôtels, trouver de nouveaux logements, acheter des masques et du gel. La fin du tournage est prévue en décembre, pour une sortie du film espérée dans un an… et avec un peu de chance sur grand écran.