S'il y a bien des cadeaux qui ne déçoivent jamais personne à Noël, ce sont les bandes dessinées. Petits et grands, il y en a pour tous les goûts. Mais, pour changer un peu des BD franco-belges, Europe 1 vous a concocté une sélection de comics et de mangas. Des œuvres qui plairont aux amateurs des BD américaines et japonaises et surprendront celles et ceux qui sont peu familiers de ces genres extrêmement riches.
Joyeux Bat-Noël !
Pour Noël, Urban Comics a édité deux très beaux livres sur le Chevalier Noir. D’abord, Batman : The Dailies, un recueil d’histoires courtes publiées entre 1943 et 1944. Ce ne sont pas les histoires classiques de Batman, sous forme de BD mais des comic strips, des histoires publiées dans les journaux, à raison de trois ou quatre cases par jour en noir et blanc. L'histoire se suivait et pour connaître la suite, il fallait acheter le journal tous les jours. À l’époque, on était en pleine Seconde guerre mondiale. Le but de ces strips Batman était de divertir les lecteurs dans cette période difficile.
On retrouve dans ces cases une ambiance typique des années 40, très film noir. Avec inspecteurs en pardessus, chapeau et cigarette au bec en permanence. Batman et Robin les aident dans leur lutte contre le crime organisé, avec ses truands en costume et mitraillette au poing. On est là devant la version détective de Batman, celle de ses débuts, avec énormément de suspense puisqu'il fallait convaincre les lecteurs d'acheter le journal du lendemain s'ils voulaient connaître la suite ! C'est un délice de se replonger dans cette époque surannée, avec un Batman très vieux jeu, sans gadgets, armé uniquement de ses poings et de son flair.
Et puis, pour fêter les 80 ans de Batman, Urban Comics a sorti un "Livre-posters", somme de 80 unes de comics Batman au format affiche. 80 unes qui retracent 80 ans d’histoire du Chevalier Noir. On peut ainsi voir comment il a évolué graphiquement au fil des ans, d’abord influencé par les films noirs, puis par les cartoons, avant une période gothique, pour finalement devenir le héros tourmenté qu’on connaît aujourd’hui. Et toutes ces affiches sont détachables, c'est là le principal intérêt de ce beau livre. Car il y a de véritables œuvres d’art dans le lot, qui peuvent très bien s’encadrer et s’accrocher au mur.
Les mangas c'est aussi pour les grands
Quand on parle de manga, on pense souvent à Dragon Ball, Olive et Tom, One Piece, etc. Mais le manga, ce n'est pas que ça. C’est un peu comme si on résumait la BD franco-belge à Astérix et Tintin ! Dans le manga, il y en a pour tous les goûts, pas uniquement pour les ados. La preuve avec Osamu Tezuka, le "dieu du manga". C’est l’auteur qui a créé le manga moderne, dans les années 60-70. Il a écrit et dessiné d’innombrables œuvres, dans tous les genres : historique, aventure, humoristique, pour enfants, pour adultes… Et cette œuvre d’une grande richesse est en train d’être rééditée en France, par Delcourt, dans de superbes éditions intégrales, avec couverture cartonnée.
Les passionnés d'histoire peuvent se régaler avec L'histoire des 3 Adolf, sur la relation germano-nippone pendant la Seconde guerre mondiale, ou dévorer les quatre tomes de La vie de Bouddha. Mais notre préférence va aux mangas qui auscultent la société japonaise. On vous recommande ainsi la lecture de Barbara, fable en 15 épisodes sur la relation détonante entre un écrivain frivole et une jeune femme étrange qu'il recueille dans la rue. C’est drôle, philosophique, émouvant… Un vrai bijou ! Au total, une dizaine de mangas d'Osamu Tezuka ont déjà été réédités par Delcourt.
Et puis, autre grande oeuvre japonaise à mettre au pied du sapin, dans un genre plus iconoclaste : le Journal d'une disparition d'Hideo Azuma. Publié en 2005, il s'agit d'un manga autobiographique. Alors qu'il était un mangaka à succès, Hideo Azuma a décidé du jour au lendemain de quitter son travail pour vivre dans la rue, en 1989. Une fuite qu'il a réédité trois ans plus tard. Pauvreté, alcoolisme, indifférence des autres, l'écrivain et dessinateur aborde avec une étonnante sincérité cette période de sa vie.
Alors que cette histoire aurait pu être très dure, Hideo Azuma créé le décalage en adoptant un ton comique, voire caustique. Cela passe par le dessin, très cartoonesque avec ce bonhomme à la tête aussi ronde que son corps, et par l'écriture des dialogues, souvent des monologues, vraiment drôles tant ils sont légers en comparaison de la situation que vit le personnage. Journal d'une disparition fait partie de ces mangas très réputés mais difficiles à trouver car tirés à peu d'exemplaires. Le diptyque qu'il forme avec sa suite, Journal d'une dépression, est de nouveau en rayons depuis quelques semaines, suite à la mort de l'auteur Hideo Azuma en octobre. Une occasion à ne pas manquer !