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Mélina Facchin , modifié à
Les salles d’opéras n’échappent pas à la crise. Selon le syndicat "Les Forces musicales", 76% de ses adhérents peinent actuellement à équilibrer leur budget et près de 150 représentations ont déjà été annulées ou suspendues cette année en France. C'est notamment le cas à l’Opéra National du Rhin, à Strasbourg, où Europe 1 s'est rendue.

Les salles d’opéras n’échappent pas à la crise. Après des années de Covid-19 qui les ont déjà fragilisées et d’autres problèmes qui se sont accumulés, l’inflation est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Selon le syndicat Les Forces musicales, qui représente une cinquantaine d’opéras et orchestres, 76% de ses adhérents peinent actuellement à équilibrer leur budget. Résultat : près de 150 représentations ont déjà été annulées ou suspendues cette année en France. Exemple à l’Opéra National du Rhin, à Strasbourg.

"J’ai dû renoncer à deux représentations sur une série de sept opéras"

Alors que l’Opéra National du Rhin se remet à peine de la crise Covid, remplit à nouveau ses salles, cette fois-ci ce sont ses factures qui explosent. "On est très impactés sur le coût des transports notamment, puisqu’on fait beaucoup de route", explique Alain Perroux, directeur général de l’Opération National du Rhin. La fabrication des décors est également de plus en plus onéreuse. "Le métal ou le bois par exemple ont beaucoup augmenté ces dernières années", confirme-t-il.

Alors, à contrecœur, Alain Perroux a dû prendre des décisions radicales : "Sur une série de sept représentations d’opéras, j’ai dû renoncer à deux d’entre elles données à Mulhouse en mai, en transformant l’une en version concert et en annulant l’autre", soupire-t-il. "Je l’ai fait parce que c’est un spectacle qui génère des coûts importants d’exploitation. En renonçant à ces deux représentations, nous effectuons une économie d’environ 150.000 euros : c’est considérable", conclut-il.

"Une situation inédite d’accumulation de problèmes"

L’Opéra National du Rhin est loin d’être le seul dans ce cas. L’Opéra de Rouen, par exemple, a décidé de fermer cinq semaines pour des raisons budgétaires. Celui de Montpellier estime qu’il devrait "finir l’exercice avec un déficit annoncé d’un million d’euros".

Mais toutes ces difficultés ne sont pas uniquement dues à l’inflation actuelle. "On est face à une situation inédite d’accumulation de problèmes", résume Frédéric Pérouchine, directeur de la Réunion des opéras de France. D’abord, la fin du gel du point d’indice des fonctionnaires a donné lieu à une augmentation automatique de 3,5% des salaires : "Sur des maisons avec beaucoup de salariés comme le sont les opéras, une augmentation même moindre des salaires a un impact important sur le budget global", explique-t-il.

Ensuite, le Covid laisse encore des marques : des billets de spectacle annulés à rembourser, des mécènes à retrouver. "Quant aux subventions, elles sont au mieux stagnantes, au pire décroissantes", regrette Frédéric Pérouchine. Il invite donc tous les acteurs de la culture à se mettre autour de la table, à réfléchir à des solutions. En attendant, il y aura d’ores et déjà moins de levers de rideaux lors de la prochaine saison 2023-2024.