REPORTAGE - À Bordeaux, face aux rodéos urbains, police et justice changent de stratégie pour plus de fermeté
À Bordeaux, le procureur a décidé d’accentuer la répression contre les rodéos urbains, qui génèrent nuisances et accidents. Face à la recrudescence de ces rendez-vous illégaux, police et justice s'allient pour plus de fermeté. Dorénavant, dès qu’elles sont présentées à la justice, les personnes arrêtées doivent s’attendre, avant même leur procès, à perdre leur véhicule. Explications.
Des rassemblements illégaux sur la voie publique, des moteurs qui ronflent, des pneumatiques qui chauffent, des riverains excédés par le bruit de ces voitures lancées à pleine vitesse, et les risques d’accident… Les "runs" sauvages devant des milliers de spectateurs au bord de la chaussée, sont très dangereux comme l’actualité le rappelle régulièrement.
Le ministre de la Justice pointe d’ailleurs "le fléau des rodéos urbains". À Bordeaux, le procureur a décidé d’accentuer la répression. La police ne reste pas les bras croisés, bien au contraire. Et dès qu’elles sont présentées à la justice, les personnes arrêtées doivent s’attendre, avant même leur procès, à perdre leur véhicule, et donc des dizaines de milliers d’euros. Europe 1 vous explique.
Moyens multiples
Engager une course poursuite pour interpeller un participant à un "run" sauvage, juché sur une moto ou au volant d'une voiture, trop risqué, explique le commissaire général Éric Krust, directeur adjoint de la police en Gironde, où l'on privilégie une autre méthode pour lutter contre ces rodéos urbains.
Nous utilisons "des moyens aériens tels que le drone, et des moyens au sol par des surveillances humaines, pour bien observer les zones de stockage des véhicules. Une fois qu'on a toute cette cartographie du rodéo, et bien là on tape, on saisit les véhicules. On interpelle soit au même moment les auteurs, soit on les interpelle plus tard, plutôt que d'intervenir à chaud avec tous les risques que cela induit", détaille-t-il.
Attaquer au portefeuille
Avec une réponse judiciaire qui fait immédiatement mal aux portefeuilles des conducteurs déférés au parquet, Renaud Gaudeul, procureur de la République de Bordeaux, espère endiguer le phénomène. "En l'occurrence, pour un 'run' sauvage constaté le 2 mai, deux des conducteurs déférés au parquet on été placés sous contrôle judiciaire, leur faisant interdiction de conduire, interdiction de sortir le soir, en particulier le week-end", explique-t-il.
"Mais surtout les véhicules, une semaine plus tard, font l'objet d'une autorisation de vente avant jugement. On ne va pas attendre le procès pour procéder à la vente de ces véhicules. Les deux véhicules avaient une valeur de quasiment 40.000 euros", complète ce dernier. Et le procureur espère bien que cette stratégie judiciaire aura un effet particulièrement dissuasif.