Le 13-Novembre 2015, des terroristes de Daesh s'introduisaient au Bataclan et y tuaient 90 personnes. 7:17
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Romain Rouillard / Crédit photo : BERTRAND GUAY / AFP , modifié à
Il y a huit ans jour pour jour, des policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) lançait l'assaut sur le Bataclan, où des terroristes de Daesh s'étaient introduits et avaient tué 90 personnes avant d'en retenir des centaines d'autres en otage. Jérémy Milgram, chef de groupe à la BRI, y était et témoigne sur Europe 1.

C'est un anniversaire que l'on ne célèbre pas. Et qui rappelle instantanément l'horreur dans laquelle la France fut plongée en cette soirée de novembre 2015. Il y a huit ans jour pour jour, l'Hexagone subissait la vague d'attentats terroristes la plus meurtrière de son histoire. Des attaques coordonnées, perpétrées par l'organisation État islamique, aux abords du Stade de France, dans deux brasseries du 10e arrondissement de Paris et au Bataclan où se produisait le groupe de rock Eagles of Death Metal. Bilan officiel : 130 morts, dont 90 rien que dans la salle de spectacle du 11e arrondissement ou des terroristes de Daesh s'étaient introduits avant d'ouvrir le feu.

Jérémy Milgram (son nom est un pseudonyme) était présent sur les lieux ce soir-là. En tant que chef de groupe opérationnel à la BRI (Brigade de recherche et d'intervention), il a participé à l'assaut visant à libérer les otages retenus par les terroristes à l'intérieur du Bataclan. Huit ans après, le souvenir d'une soirée en enfer reste ancré dans son esprit. "Il reste des images, des odeurs, c'est quelque chose qui reste imprimé à vie pour mes camarades et moi-même", témoigne-t-il sur Europe 1. 

"Des images quasiment en permanence dans la tête" 

Au micro d'Hélène Zelany, il raconte comment cet évènement a bousculé le quotidien des agents. "On a changé beaucoup de choses dans notre état d'esprit, notre manière de s'entraîner, notre matériel. Les effectifs ont été doublés et on a appris presque un nouveau métier. Depuis ce temps, on ne cesse de s'adapter à la menace qui, également, évolue". 

D'un point de vue plus personnel, Jérémy Milgram dit avoir "gardé quelques stigmates" de cet assaut. "Je ne dirais pas que ça me hante parce que je n'ai pas vraiment de problèmes de sommeil ou de réveil. Mais, par contre, j'ai des images quasiment en permanence dans la tête dès lors que je suis dans une situation qui pourrait me rappeler les conditions d'intervention. Par exemple une salle de concert, une salle de cinéma bondée, des foules, etc". 

Avec son collègue Jean-Charles Sanchez, Jérémy Milgram a choisi de dévoiler la réalité du métier d'opérateur à la BRI par le biais d'un livre intitulé Les anges gardiens du 36. À travers dix histoires, inspirées de véritables enquêtes, l'auteur entend dévoiler l'envers du décor d'un métier aussi attrayant qu'exigeant. En revanche, aucune d'entre elle n'évoque l'assaut du Bataclan. "Je me suis refusé, par pudeur et par respect à l'égard des victimes, de me 'servir' du 13-Novembre et de le décrire dans un ouvrage de fiction. C'était pour moi impossible".