Attentat à la voiture-bélier à Oléron : les tergiversations de la justice antiterroriste
Le périple du chauffard de l'île d'Oléron doit-il être considéré comme un acte terroriste ? Pour le moment, le parquet national antiterroriste (PNAT), s'est rendu sur place en observation. La justice antiterroriste peine à qualifier ce type de passage à l'acte.
Pour la justice, crier "Allah Akbar" n'est pas suffisant pour signer un acte qualifié de terroriste. Quatre éléments sont pris en compte : la gravité de l'acte, le profil de l'auteur, ses motivations et son rattachement à une idéologie terroriste.
Un mode opératoire encouragé par la propagande de Daech
À cette heure, le parquet antiterroriste estime qu'il n'a pas suffisamment d'éléments pour prendre l'affaire. Et ce, malgré le recours à un mode opératoire, la voiture bélier, largement prôné par la propagande de l'État islamique. Après le drame, plusieurs perquisitions ont eu lieu. Le matériel informatique du suspect va être épluché par les enquêteurs et les réponses de l'individu en garde à vue vont aussi pouvoir éclairer la lecture de ce dossier. Par ailleurs, des bouteilles de gaz ont été retrouvées dans le véhicule que le suspect tentait d'incendier.
Était-ce pour faire disparaître des traces ? Ou pour blesser les gendarmes venus pour l'interpeller ? Dans ce cas, ce serait là encore un marqueur d'une idéologie visant à semer la terreur. La justice antiterroriste a du mal à se saisir de ces actions violentes rudimentaires et inspirées par l'idéologie islamiste quand elles ne sont pas assumées, si ce n'est revendiquées.
Plusieurs cas similaires
Cela ne date pas d'aujourd'hui. En 2020, un Pakistanais sous OQTF avait agressé à la hache un passant devant un commissariat de Sarcelles (Val-d'Oise), le même jour que l'attentat islamiste commis devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Lui aussi avait crié "Allah Akbar".
Mais la justice avait refusé de qualifier ces faits de terrorisme. Tout comme en septembre dernier, à Marseille, quand un Tunisien, expulsé de son hôtel, a poignardé plusieurs personnes dans la rue avant d'être tué par les policiers. Le parquet antiterroriste, alors en observation, s'était retiré, considérant que ces tentatives de meurtre relevaient du droit commun.