Six Nations : que retenir du Tournoi du XV de France ?

Rugby France
Les Bleus ont terminé leur Tournoi par une défaite contre l'Ecosse. © MARTIN BUREAU / AFP
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Léa Leostic , modifié à
Le XV de France a clos son Tournoi des Six Nations par une défaite à domicile contre l’Ecosse (23-27) et une deuxième place au classement. Fin de parcours cruelle pour les Bleus. À deux ans du Mondial, ils doivent encore progresser, mais il y a aussi des raisons de se réjouir.
DÉCRYPTAGE

"Un peu assommé". Les mots choisis par Gregory Alldritt vendredi soir après la défaite sur le fil contre l’Ecosse (23-27). Quelques heures plus tôt, les Bleus rêvaient encore de remporter le Tournoi des Six Nations. Il fallait pour cela qu’ils s’imposent avec le bonus offensif et 21 points d’écart. Mais la marche était trop haute et les Bleus terminent finalement deuxièmes de la compétition. De l’euphorie à la tristesse, les Bleus et leurs supporters seront passés par toutes les émotions depuis le début du mois de février. Voilà quelques points à retenir du Tournoi des Tricolores.

Des fins de matchs enflammées

Qu’elles aient donné envie de sauter de joie dans son canapé ou de verser quelques larmes, les fins de matchs des Bleus n’ont pas laissé les spectateurs indifférents ni ménagé leurs cœurs. Contre l’Irlande, il a fallu tenir, ne pas craquer pour conserver ces deux petits points d’avance et s’imposer à Dublin, dix ans après la dernière victoire en terre irlandaise (15-13). Contre l’Angleterre cette fois, l’essai de Maro Itoje à trois minutes de la fin de la rencontre avait permis aux Anglais de s’imposer sur le fil (23-20). Puis face aux Gallois, le sort avait tourné à l’avantage des Français avec un dernier essai de Brice Dulin après la sirène (32-30). Un essai synonyme d’espoir : les Bleus pouvaient aller chercher la victoire du Tournoi contre l’Ecosse la semaine suivante. On connait finalement la suite.

Si ces fins de matchs font honneur aux meilleurs films à suspense, elles témoignent surtout du manque de maitrise des Bleus. Déficit physique, manque de lucidité et de concentration... les raisons sont nombreuses, mais elles ont de quoi inquiéter. Les choix du staff sont également à mettre en lumière. Contre l’Angleterre par exemple, les remplaçants étaient entrés en jeu très tardivement alors que leurs coéquipiers sur le terrain ne semblaient plus très frais.

Une marge de progression énorme

Personne n’en doute : cette équipe de France là tient une génération en or. Antoine Dupont, Matthieu Jalibert, Romain Ntamack, Grégory Alldritt, Arthur Vincent, pour ne citer qu’eux, sont de jeunes joueurs aux talents indiscutables. Mais ils doivent encore progresser pour rivaliser avec les meilleurs et surtout gagner des titres. "Il faut laisser cette équipe mûrir et avancer. Cette défaite va les faire grandir. C’est une bonne leçon, ça fait très mal, ça prouve nos limites. Il faut continuer à travailler. On a deux ans pour devenir plus performant", a appuyé Eric Blanc, le consultant rugby d’Europe 1, vendredi soir. Car en 2023, la Coupe du monde se déroulera en France et le XV tricolore sera plus qu’attendu. "Ces erreurs nous font grandir. À nous d'apprendre de ces péripéties et de revenir plus fort. […] On fera le bilan (du match contre l’Ecosse) plus à froid, ce n'est pas simple. On va apprendre de ce scénario un peu cruel mais on va revenir plus fort", a confié le capitaine Charles Ollivon après la rencontre.

Une ossature solide

Il fut un temps où la composition du XV de France pouvait changer du tout au tout en un week-end. Mais cette époque semble désormais révolue. Depuis son arrivée à la tête de l’équipe de France, Fabien Galthié s’applique à construire une équipe pour le long terme. Il veut que son groupe évolue et grandisse ensemble. Et des joueurs lui ont montré pendant ce Tournoi qu’il pouvait leur faire confiance. Matthieu Jalibert a par exemple parfaitement rempli son rôle de demi d’ouverture, quand Romain Ntamack, fraichement remis d’une fracture de la mâchoire, était trop juste. En deuxième ligne, poste où le vivier français n’est pas le plus dense, la blessure de Bernard Le Roux a donné quelques sueurs froides au staff tricolore. Là encore, Romain Taofifenua n’a pas tremblé. En troisième ligne, Dylan Cretin et Anthony Jelonch ont aussi montré que le XV de France disposait de profils différents, idéal pour adapter l’équipe à son adversaire. De bon augure pour la suite.  

Un "épisode Covid" qui ternit l’image du XV de France

Dans le Tournoi version 2021, il y a aura surtout eu du rugby, mais aussi des épisodes extra-sportifs qui découlent logiquement de la situation sanitaire actuelle. De nombreux cas de Covid, parmi les joueurs et les membres du staff, ont entrainé le report du match contre l’Ecosse. La bulle sanitaire mise en place autour de l’équipe de France de rugby ne s’est pas avérée aussi imperméable qu’elle devait l’être. Suivront les interventions de Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, de Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports, mais aussi de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, dont dépend le Ministère des sports.

Un épisode peu glorieux pour l’image du rugby français, et qui aura forcément amené son lot de conséquences sur le plan sportif. Les joueurs contaminés ou cas contacts ont été placés à l’isolement et donc privés d’entrainement. Certains n’ont pas joué pendant un mois. Pas la meilleure préparation en vue du match contre les Anglais. C’est d’ailleurs à partir de ce moment-là que les Bleus ont semblé accuser le coup sur le plan physique.

Une deuxième place malgré tout

Malgré les nombreuses péripéties traversées par le XV de France, Fabien Galthié peut, deux ans après sa prise de fonction, présenter un bilan positif. Comme l’an dernier, les Bleus finissent deuxièmes du Tournoi des Six Nations. De tels résultats en début de mandat n’étaient plus arrivés à un sélectionneur depuis Jean-Claude Skrela à la fin des années 1990. Sur le banc des Bleus, Fabien Galthié n'a perdu que quatre de ses quinze premières rencontres.