2.500 tests sont effectués chaque jour en France. 2:55
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Depuis mercredi, un conseil de dix scientifiques, mis en place à la demande du président de la République Emmanuel Macron "pour éclairer la décision publique", réfléchit aux scénarios auxquels pourrait conduire l'épidémie de Covid-19 et aux stratégies alternatives qui permettraient d'en sortir. Simon Cauchemez, invité d'Europe 1 dimanche, en fait partie. 
INTERVIEW

Comment préparer la sortie du confinement visant à ralentir la propagation du coronavirus ? C'est la problématique sur laquelle planche depuis mercredi un groupe de dix experts mis en place à la demande du président de la République Emmanuel Macron "pour éclairer la décision publique". "À la sortie du confinement, on peut s’attendre à ce que l’épidémie puisse repartir", expose Simon Cauchemez, épidémiologiste modélisateur à l'Institut Pasteur et membre du comité scientifique qui conseille le chef d'Etat. Au micro de Patrick Cohen, le spécialiste prend la parole pour la première fois depuis le début de la crise.

"Trouver des stratégies alternatives viables"

"On doit avoir une réflexion dès aujourd’hui sur les stratégies alternatives viables à mettre en place par la suite", estime Simon Cauchemez. "Nous voulons faire en sorte que l’épidémie s’éteigne pour stopper la saturation des systèmes de soin. La stratégie de tests est considérée sérieusement par tous, mais en soi multiplier les tests ne suffira pas pour endiguer cette épidémie. C’est ce sur quoi nous travaillons en ce moment au conseil scientifique."

La solution du dépistage massif a fait ses preuves en Corée du Sud. Près de 60.000 tests y sont réalisés chaque jour alors que le pays compte 50 millions d'habitants, contre seulement 2.500 en France. Sans recourir à des mesures de confinement de la population, la Corée du Sud a ainsi réussi à renverser la tendance et dès la mi-mars, le taux de guérison y dépassait le taux de contamination. "Ces pays sont passés par l’expérience du SRAS en 2011", explique Simon Cauchemez. "Ils ont donc complètement redistribué leur façon de procéder dans ce type de situation.

Le télétravail "ne sera pas suffisant"

Le conseil scientifique s'active d'autant plus que ses recherches l'ont conduit à produire des projections particulièrement sombres, avec des hypothèses de mortalité très élevées, ne prenant pas en compte des mesures radicales de prévention. Selon lui, l'épidémie de Covid-19 pourrait provoquer dans l'Hexagone jusqu'à 500.000 morts. "Le scénario est très grave mais nous avons encore beaucoup d’incertitudes", nuance l'épidémiologiste.

"Soit on réduit la transmission dans la population en fermant les écoles et en étendant le télétravail - mais on sait que ce ne sera pas suffisant, on reverra alors l’explosion des cas et la saturation de systèmes de santé -, soit on essaie de trouver des stratégies alternatives de contrôle", conclut-il.