Face à l'éolien en mer, les Français font de la résistance

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Jean-Pierre Montanay
D’ici trente ans, afin de dire adieu aux énergies carbonées, l’Europe compte bien s’éclairer, se chauffer et se mouvoir en partie grâce aux éoliennes "offshore", c’est-à-dire situées en mer. Mais tous les habitants ne sont pas convaincus notamment les Français, allergiques au pales. La France va-t-elle rester à la traîne ?

L'Europe veut augmenter la part de l'éolien dans sa production énergétique. Un récent rapport publié par Windeurope indique même que d'ici 2050, un tiers de l’électricité pourrait être fourni grâce aux vents marins, contre seulement 1,5 % aujourd’hui. Concrètement, cela signifie que l’Europe doit investir dans la construction de pales en mer : elle table sur un parc capable de produire entre 230 et 450 gigawatts. Pour l’instant, les rares éoliennes sont surtout visibles au large des côtes britanniques, allemandes, belges, danoise... mais pas vraiment au large des côtes françaises.

L'éolien en mer n'a pas la cote en France. La meilleure illustration de cet état de fait est le bras de fer actuel au Tréport, où l’Etat veut installer au large un parc de 80 éoliennes malgré l’hostilité générale. Riverains, pêcheurs, associations écolo sont remontés comme des pendules contre l'installation de ces pâles. Elles massacreraient selon eux le paysage et l’environnement. Loin de considérer l'éolien comme une énergie propre, ces opposants prédisent la mise à mort de la Manche.

Enterrer l'exception française

Mais l'Etat n'abandonne pas, bien décidé à enterrer cette exception française. Au large de Saint-Nazaire, après une guérilla judiciaire, 80 éoliennes doivent enfin surgir des flots à trente kilomètres du rivage d’ici 2022. L’éolien marin est considéré comme une énergie d’avenir : plus grand, plus haut et soumis à des vents plus puissants, un mât "offshore" produit autant d’énergie qu’un parc situé sur la terre ferme. La France est pour l’instant un nain sur la carte, malgré les trois mers qui la bordent. Elle prévoit de multiplier sa production par 2.500 d’ici 2028. Elle s'élève actuellement à cinq gigawatts… deux fois moins que la Grande-Bretagne.