Roland-Garros à la chasse aux "spectateurs-parieurs" ?

Les "courtsiders", nouvelle ombre sur le tennis
Les "courtsiders", nouvelle ombre sur le tennis © JOSEP LAGO / AFP
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A.M.
Une quinzaine de faux spectateurs transmettant les scores en direct à des parieurs hors du stade auraient été expulsés du tournoi parisien.

On les appelle les "courtsiders", des "hommes de bord de court". Ni tout à fait spectateurs, ni tout à fait parieurs. Leur "job" : assister aux matches au bord du court et transmettre les scores le plus rapidement possible à des "parieurs en direct" situés à l'autre bout du monde. Selon des informations de Metronews, cette pratique se développe dans le tennis, et une quinzaine de "courtsiders" auraient même été repérés durant Roland-Garros.

Les "Lucky Luke" des paris. Mais qui sont-ils, ces "courtsiders" ? Officiellement, de simples spectateurs venus assister aux rencontres dans les tribunes. Mais dans les faits, ils passent plus de temps à pianoter sur leurs smartphones qu'à observer les échanges. Leur objectif est simple : transmettre les scores des matches avant que ceux-ci ne soient enregistrés par les sites de paris sportifs en direct ("live-betting"). En effet, sur de nombreux sites de paris en ligne, l'internaute a la possibilité de parier en direct sur un match, en fonction de l'évolution de celui-ci. Sur certains sites étrangers, il est même possible de parier sur chaque point.

Les "courtsiders" exploitent les brèches de ces plateformes. En effet, il y a toujours un décalage entre l'action de jeu effective et l'actualisation des scores sur les sites de "live-betting", un délai qui atteint parfois les 30 secondes. Si les "courtsiders" sont assez rapides, ils peuvent donc devancer les plateformes de paris en temps réel. Et les gains sont assurés.

Une démarche presque légale. Ces faux spectateurs sont prudents. Pour échapper aux suspicions, seules des petites sommes sont mobilisées pour ces paris en temps réel. Et ils ne parient pas eux-mêmes depuis le bord du terrain - ce qui est interdit - mais se contentent de transmettre les scores à des parieurs situés hors du stade, parfois même à l'autre bout du monde. Ils ne sont donc que des intermédiaires et leur démarche n'est pas considérée comme une infraction pénale. En revanche, leur activité est proscrite par le règlement interne de Roland-Garros, qui interdit toute transmission d'information concernant les matches. Les "courtsiders" ne risquent donc "que" l'expulsion et l'interdiction de stade.

Une quinzaine d'expulsions en début de tournoi ? Selon des informations de Metronews, une quinzaine de "courtsiders", étrangers pour la plupart, auraient été repérés et expulsés par les services juridiques de Roland-Garros en début de tournoi. Après un interrogatoire visant à identifier les donneurs d'ordre, tous repartent avec une simple interdiction de stade. Mais Roland-Garros a augmenté sa vigilance : du personnel spécifique est mobilisé pour détecter ces informateurs illicites, a indiqué la Fédération Française de Tennis.

Après le scandale des paris truqués dans le tennis révélé en janvier, qui mettait en cause de nombreux joueurs, la menace des "courtsiders" semble inquiéter les instances du tennis. La Fédération Française de Tennis a d'ailleurs confirmé à Metronews que des dispositifs de surveillance étaient activés sur de nombreux tournois.