Résultats, guerre des dirigeants, tensions avec les supporters… Comment expliquer la crise à l’Olympique lyonnais ?

Olympique lyonnais
Après neuf journées de Ligue 1, l'Olympique lyonnais est dernier du championnat avec seulement trois points (3 nuls, 6 défaites). © ARNAUD FINISTRE / AFP
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Alexandre Dalifard, avec AFP / Crédit photo : ARNAUD FINISTRE / AFP
Bon dernier de Ligue 1 avec seulement trois points en neuf rencontres de championnat, l'Olympique lyonnais connait une crise importante depuis le début de la saison. Celle-ci s'explique par une guerre entre les dirigeants John Textor et le patron historique Jean-Michel Aulas. Une crise interne qui joue sur les résultats sportifs du club et qui se voit envenimée par des tensions avec les supporters.

Mais que se passe-t-il à l’OL ? Après neuf journées de Ligue 1, les Gones, qui n’ont toujours pas trouvé le chemin de la victoire, sont lanterne rouge du championnat avec trois points seulement (trois nuls et six défaites). Selon OptaJean, l’agence spécialisée dans les statistiques, 14 des 17 équipes qui n’ont compté que trois points ou moins après leurs neuf premières rencontres d’une saison de Ligue 1 ont été reléguées en fin d’exercice. Une situation inquiétante pour le club qui n’a pas quitté l’élite du football français depuis 1990.

Si cette crise perdure au sein du vestiaire des Gones, cela s’explique par plusieurs crises internes, notamment la guerre entre les dirigeants John Textor et l’ancien patron Jean-Michel Aulas.

Une guerre médiatique

Depuis cet été, John Textor et Jean-Michel Aulas, brutalement évincé en mai de la direction du club, s'écharpent par médias interposés sur la situation financière de l'Olympique lyonnais. Celle-ci s'est envenimée au point que la société Holnest, contrôlée par Jean-Michel Aulas, a annoncé le 30 août dernier dans un communiqué avoir initié "plusieurs actions judiciaires pour préserver ses droits face aux manquements répétés de John Textor et d'Eagle Football".

Ce communiqué annonce notamment une plainte en diffamation pour des propos tenus par l'homme d'affaire américain. Ce dernier a accusé Jean-Michel Aulas d'avoir "caché" la situation financière réelle du club au moment de la cession. "Il y a eu une évaluation erronée de la situation financière réelle de l'OL au moment de boucler la transaction en décembre dernier", a-t-il dit au cours d'une visioconférence en anglais organisée pour quelques médias. "Il a caché des mauvaises nouvelles", a-t-il accusé en évoquant les risques liés aux règles de la DNCG, l'organe de contrôle financier du football français.

Holnest a "contesté ces allégations avec la plus grande fermeté", détaillant les échanges entre les deux parties au moment de la cession. "Par ces propos, John Textor et Eagle Football cherchent - comme ils le font depuis plus d'un an - à se soustraire aux engagements auxquels ils sont pourtant contractuellement tenus envers Holnest", a accusé la holding de Jean-Michel Aulas. Holnest a aussi engagé une procédure devant le tribunal de commerce de Lyon et obtenu une saisie conservatoire à hauteur de 14,5 millions d'euros sur les comptes du club.

L’OL limité dans son recrutement

En 2022, l’Olympique lyonnais a fait le pari de miser sur ses anciennes gloires, notamment avec le recrutement d’Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso et Dejan Lovren. Une stratégie qui a bouleversé la grille des salaires du club. Mais celle-ci n’a pas été payante au niveau des résultats sportifs. D’autant plus que le club est maintenant limité dans son recrutement par les mesures d’encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation prises en juin dernier par la DNCG.

La décision prise par le gendarme financier du football français limite la marge de manœuvre de l'OL sur le marché des transferts, sans interdire toutefois les transactions. Lyon doit repasser devant l’organe de contrôle des finances des clubs, en novembre, pour réévaluer sa situation.

Changement d’entraineur

Pour débuter la saison 2022-2023, l’Olympique lyonnais comptait sur les services de Laurent Blanc pour assurer le poste d’entraîneur. Un choix qui n’a pas été payant pour le club et qui avait été même constaté par le concerné lui-même. Le 19 août dernier, après le revers concédé à domicile face à Montpellier (1-4), Laurent Blanc avait été interrogé par nos confrères de Prime Video sur ce qu’il faut changer à Lyon.

"Il faut peut-être changer d’entraîneur", avait alors rétorqué le technicien de façon surprenante. Des propos qui finiront par rattraper Laurent Blanc. Après une ultime défaite contre le Paris Saint-Germain (1-4), l’entraîneur est mis à pied le 8 septembre dernier.

Pour le remplacer, l’Olympique lyonnais a fait appel aux services du champion du monde italien Fabio Grosso. Une mission difficile attendait alors l’ancien joueur du club. Mais, malgré ce changement d’entraîneur, la crise que vit le club lyonnais semble trop profonde. Depuis qu’il est à la tête de l’effectif professionnel de l’OL, Fabio Grosso n’a pas réussi à apporter la première victoire de la saison au club.

En cinq journées sous les ordres de l’entraineur italien, les Gones n’ont obtenu que deux points (deux nuls et trois défaites). L'entraînement de l'effectif professionnel de l'Olympique lyonnais, prévu le 24 octobre dernier, a été annulé par Fabio Grosso, remonté par des rumeurs sur son compte. Le technicien italien, comme beaucoup d'autres personnes au sein de l'OL, aurait été très agacé par des propos rapportés par un média national, selon lesquels il serait déjà lâché par ses joueurs.

Tensions avec les supporters

La crise semble donc bien ancrée au sein de l’Olympique lyonnais, qui devra batailler pour ne pas descendre en Ligue 2 et retrouver son ennemi juré, l’AS Saint-Etienne, relégué en 2022. Les Gones comptaient entre autres sur leur match contre l'Olympique de Marseille dimanche pour se relancer. Mais les Lyonnais devront attendre avant de retrouver des couleurs en championnat car l'Olympico a été annulé après de graves incidents.

Le bus de l'OL a en effet été caillassé sur la route de Stade Vélodrome. Une impressionnante photo du visage en sang de l'entraîneur de l'OL Fabio Grosso s'étale ainsi à la Une du quotidien L'Equipe et restera l'image forte d'une nouvelle soirée cauchemardesque pour la L1. 

Parallèlement, le quotidien L'Equipe évoque des chants et des gestes à caractère raciste de la part des supporteurs lyonnais présents dans le parcage visiteurs du Vélodrome, qui pourraient faire l'objet de sanctions de la commission de discipline de la Ligue, comme celles subies par le PSG après les chants homophobes entendus lors du clasico contre l'OM, le 24 septembre au Parc des Princes. Lundi l'OL a condamné "fermement les inacceptables comportements racistes d'individus dans le parcage" et "demandé les vidéos pour identifier les auteurs de tout acte contraire à la loi mais aussi contraire à ses valeurs". Une crise qui s'exporte à l'extérieur pour les Gones.