Qualifications Mondial 2018 - France-Luxembourg : autopsie d'un échec

Griezmann, Lacazette, Giroud, Mbappé, Lemar, Coman... Malgré son armada offensive, la France n'a pas su trouver la faille face du Luxembourg dimanche.
Griezmann, Lacazette, Giroud, Mbappé, Lemar, Coman... Malgré son armada offensive, la France n'a pas su trouver la faille face du Luxembourg dimanche. © FRANCK FIFE / AFP
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Face au Luxembourg, dimanche soir au Stadium de Toulouse (0-0), la France a cruellement manqué de réalisme. Une maladresse qui ne doit pas masquer d'autres défaillances.
ON DÉCRYPTE

La nuit a beau être passée, on peine encore à l'expliquer... Comment la France, si séduisante face aux Pays-Bas (4-0) jeudi, a-t-elle pu faire match nul contre le modeste Luxembourg (0-0), 136ème nation mondiale, dimanche soir au Stadium de Toulouse ? La maladresse des Bleus, bien sûr, mais aussi le manque d'espaces et les choix surprenants de Didier Deschamps en cours de match peuvent raisonnablement être pointés du doigt.

Une attaque maladroite. Dire que la France a pêché dans le dernier geste relèverait presque de l'euphémisme. Les statistiques parlent d'elles-mêmes : 34 tirs tentés – dont 21 en première période - 8 cadrés, 0 buts. Une première depuis plus de dix ans. Tantôt les défenseurs luxembourgeois ont empêché le ballon de rentrer, tantôt leur gardien s'est déployé pour repousser le danger, quand ce n'est pas la transversale qui s'en est chargée, par deux fois… Mais souvent, les joueurs offensifs ont tout simplement manqué de réalisme devant le but, à l'image d'un Antoine Griezmann à court d'idées, vendangeant notamment deux offrandes de Mbappé (12e) et Sidibé (57e).

Giroud transparent, Kurzawa défaillant. Ballons perdus, nonchalance…. Olivier Giroud, auteur d'un doublé à l'aller (3-1), n'était pas plus inspiré que son partenaire d'attaque. Cela faisait deux ans qu'il n'avait pas enchaîné trois matches sans marquer en équipe de France. Pire, dimanche, il n'a même pas pesé dans le jeu. Le Gunner n'a touché que vingt ballons, cadré aucune frappe et perdu 62,5% de ses duels. En réalité, jamais ses partenaires n'ont pu combiner avec lui. Il faut dire que le numéro 9 français a été sevré de centres. Un manque d'application dont Layvin Kurzawa est le symbole parfait. Le latéral gauche du Paris Saint-Germain a ainsi tenté 17 centres pour… zéro réussi. C'est simple : sur les dix dernières années, aucun joueur de l'équipe de France n'avait réussi à faire pire. Le joueur de 25 ans a même perdu 41 ballons durant la rencontre. Encore un record. Devant lui, Thomas Lemar n'a pas fait beaucoup mieux. Sur 17 centres également, un seul est arrivé à destination d'un partenaire.

Les Bleus asphyxiés par le cadenas luxembourgeois. Globalement, les Bleus se sont heurtés au bloc compact des Luxembourgeois, évidemment venus pour défendre. Pas une grande surprise, certes… Mais les Français ont été privés d'espaces, incapables de respirer face à la densité offerte par les joueurs du Grand-Duché. Comme galvanisés par leur victoire jeudi contre la Biélorussie (1-0), la première dans cette phase de qualifications, les "Lions Rouges" ont fait preuve d'une solidarité impressionnante. À vous faire oublier que sept d'entre eux ne sont que de simples amateurs… "Je ne pense pas que la France ait joué avec 10% d'engagement de moins, mais ils ont trouvé peu d'espaces, et dans ce cas, c'est difficile de se créer des occasions de but", n'a d'ailleurs pas manqué de souligner le sélectionneur du Luxembourg, Luc Holtz, en conférence de presse.

Deschamps, des choix qui interrogent. Car tout n'a pourtant pas été négatif, dimanche soir à Toulouse. N'Golo Kanté a encore abattu un gros travail à la récupération, Djibril Sidibé a été intéressant sur son côté droit, tant offensivement que défensivement, et Kylian Mbappé, son pendant en attaque, a longtemps été le plus en jambes côté tricolore. Pour sa première titularisation en match de compétition, à un poste qu'il n'a que rarement occupé, le petit prodige de 18 ans a débuté le match en fanfare, régalant le public par ses dribbles et ses accélérations, comme sur cette longue course commencée dans son camp aboutissant à une frappe sur le gardien, à la 22e minute. Puis le néo-Parisien de baisser légèrement le pied à mesure que l'horloge défilait, et que les ongles des supporters rétrécissaient. Au retour des vestiaires, Mbappé n'a pas vraiment eu le temps de se remettre dedans. Car Didier Deschamps a rapidement choisi de le remplacer par Kingsley Coman, suscitant l'incompréhension du public à l'heure de jeu. Justification du sélectionneur : "Il jouait son premier match (comme titulaire, ndlr) depuis un moment".

Giroud pointe la fatigue. Comme "DD", Olivier Giroud a mis en avant la fatigue de certains éléments pour tenter d'expliquer cette déroute. "Il nous a manqué aussi un peu de jus dans la dernière demi-heure. Quand tu as onze joueurs qui défendent leur résultat dans les 30 derniers mètres, c'est difficile. En plus, je nous ai sentis un peu émoussés sur la fin", a-t-il répété après le coup de sifflet final. "On est fatigués mais les deux équipes l'étaient", a pour sa part nuancé Kanté en zone mixte. Étant donnée la différence de niveau entre les deux équipes, la France aurait de toute façon dû ouvrir le score beaucoup plus tôt dans la rencontre. Voyons le côté positif, les Bleus auraient aussi pu tout perdre si le poteau n'avait pas secondé Hugo Lloris, à dix minutes du terme, sur une frappe du surprenant Gerson Rodrigues. Comme quoi, la réussite…