«Je n'aimais pas du tout cette vie» : Yannick Noah raconte ses difficultés après la victoire à Roland-Garros

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Romain Rouillard (propos recueillis par Jacques Vendroux) / Crédit photo : AFP , modifié à
Après son succès face à Mats Wilander en finale de Roland-Garros en 1983, Yannick Noah s'est retrouvé sous le feu des projecteurs, exposé à une pression nouvelle, émanant notamment de la sphère médiatique. Une période délicate pour le champion qui nourrissait d'autres ambitions.

Et la vie toute entière de Yannick Noah bascula. Ce 5 juin 1983, avec sa victoire face à Mats Wilander en finale de Roland-Garros, a marqué le début d'une nouvelle ère pour le champion de tennis. Celle de la pression médiatique, des attentes nouvelles, des critiques également. Au micro du journaliste Jacques Vendroux, dans un podcast inédit diffusé sur Europe 1, l'intéressé revient sur cette gestion délicate de la notoriété, accompagnée d'un désir de reléguer le tennis au second plan. 

 

Cette épopée rêvée sur la terre battue parisienne a d'abord sonné comme un accomplissement pour Yannick Noah. La fin du livre, en quelque sorte. "Quand j'ai gagné, c'était compliqué après parce que je n'avais plus de rêve. Je n'avais plus ce petit truc en plus. En 1983, il aurait pu manquer quelque chose. Mais il n'a rien manqué, il y avait tout", révèle-t-il. Tout ce dont il avait imaginé réussir en tant que joueur de tennis professionnel. Remporter un deuxième trophée à Roland-Garros ? Triompher ailleurs ? "Je n'en ai pas rêvé", confie Noah. 

"Cette notoriété, c'était un truc complètement abstrait et superficiel" 

Mais pendant ce temps-là, les attentes grandissent autour de la nouvelle coqueluche du tennis tricolore. La pression s'intensifie et Yannick Noah ne mâche pas ses mots à l'adresse des médias de l'époque notamment. "Je vois des journalistes qui disent 'maintenant, il faut confirmer'... Mais d'où tu sors ce mot abruti ? Confirmer quoi ?" Les premières critiques fusent mais sa côte d'amour ne faiblit pas. Suffisant pour réenclencher la machine ? Pas exactement. "Aller t'entraîner pendant des mois avec des gens qui te félicitent, ce n'est pas facile. Il faut être accompagné par quelqu'un qui te donne les codes. Nous, on n'avait pas les codes, on découvrait tout ça". 

Une notoriété nouvelle après laquelle Yannick Noah n'a jamais couru. "Moi, je viens d'un petit village du Cameroun où je n'avais pas de quoi me payer ma première raquette. On dit toujours 'n'oublie pas d'où tu viens'. Et moi je n'arrivais pas à l'oublier. C'est pour ça que j'ai toujours pris tout ça comme un cadeau et cette notoriété, pour moi, c'était un truc complètement abstrait et superficiel. Je n'aimais pas du tout cette vie, ça n'avait pas de sens". 

"Le tennis ? Oui, mais c'est secondaire"

Hors de question que la petite balle jaune ne constitue l'alpha et l'oméga de sa vie. "À ce moment-là, le gamin de 23 ans que j'étais s'est dit 'en fait ce que je veux maintenant, c'est une famille'. Je veux des gosses. Le tennis ? Oui mais c'est secondaire. Le tennis est devenu secondaire dans ma vie", reconnaît-il.

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Yannick Noah fait alors la rencontre de sa future épouse, Cécilia, et donnera naissance à son fils Joakim, devenu une star du basket, et à sa fille Yéléna. Heureux dans sa vie, Yannick Noah devient également moins mordant raquette en main. "J'avais tout ce qu'il me fallait mais forcément, le guerrier intérieur sur le court était un peu plus soft. Il était plus sensible (...). Je n'étais plus du tout dans la survie".

Après ce titre à Roland-Garros, Yannick Noah empoche tout de même huit autres trophées et atteint le dernier carré de l'Open d'Australie 1990. Sur l'ocre parisienne, Mats Wilander prendra sa revanche dès l'année suivante, en quart de finale, et le battra à nouveau, au même stade de la compétition, en 1987.

Pour écouter en intégralité le récit intime et rare de Yannick Noah sur les moments les plus forts de sa vie, retrouvez le podcast "Yannick Noah, entre vous et moi" produit par Europe 1 Studio sur votre plateforme d’écoute préférée .