Vladimir Poutine accorde de l'importance au sport. 3:37
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Gauthier Delomez
Jeux paralympiques, Coupe du monde de football, Formule 1... Les sanctions à l'égard de la Russie se multiplient dans le domaine sportif, alors que l'armée du pays mène une invasion militaire en Ukraine depuis une semaine. Si ces sanctions ne vont pas arrêter Vladimir Poutine dans l'instant, elles peuvent l'affaiblir à long terme selon un spécialiste de la Russie.
DÉCRYPTAGE

Une pluie de sanctions s'abat sur la Russie, une semaine après le début de l'invasion militaire de l'Ukraine par l'armée russe. Des sanctions qui touchent les domaines économiques, politiques, et également sportifs. Jeudi, le comité international paralympique a décidé d'exclure les athlètes russes et biélorusses des Jeux qui démarrent vendredi à Pékin. La Fifa a exclu la sélection russe de la prochaine Coupe du monde de foot, et le promoteur de la Formule 1 a annoncé rompre définitivement son contrat avec celui du Grand Prix de Russie.

Docteur en géopolitique, spécialiste de la Russie et du sport et auteur de La Sportokratura sous Vladimir Poutine. Une géopolitique du sport russe (aux éditions Bréal), Lukas Aubin a affirmé jeudi dans l'émission Europe Midi que ces sanctions font mal au "soft power" du pays. "Dans un premier temps, c'est le cadet des soucis du président russe puisque ces sanctions arrivent après les sanctions économiques, diplomatiques, voire militaires. Mais le sport reste un instrument de pouvoir privilégié" par la Russie de Poutine, analyse-t-il sur Europe 1.

La perte d'un "instrument de pouvoir"

Lukas Aubin insiste sur l'importance du sport dans les yeux de Vladimir Poutine. "Depuis son arrivée au pouvoir en 2000, c'est un homme qui se met en scène régulièrement en train de faire du judo, du hockey sur glace, de patiner, etc. Il affectionne le sport d'un point de vue personnel, et il a compris les vertus politiques du sport comme une arme à l'international. L'en priver, c'est lui enlever un instrument de son pouvoir", argumente le docteur en géopolitique.

Le spécialiste de la Russie évoque la "Sportokratura", une organisation politique, économique et sportive très précise qui comprend moult acteurs russes, dont des athlètes. "Ils cherchent à organiser et à rendre efficient le sport russe pour exister sur l'échiquier international, mais aussi pour mieux avoir un contrôle sur la population russe à travers le sport", explique Lukas Aubin.

Un affaiblissement à long terme

Ces sanctions sur le domaine sportif peuvent-elles faire reculer le maître du Kremlin ? "Dans un premier temps, non", assure Lukas Aubin sur Europe 1, mais le docteur en géopolitique d'évoquer les répercussions chez les premiers concernés, les sportifs de haut niveau. "De nombreux sportifs russes ont commencé à parler contre la guerre. Potentiellement, ces sanctions pourraient les toucher directement, et donc par ricochet, avoir un impact sur la population russe", explique-t-il dans Europe Midi.

Un élément que le pouvoir russe devrait prendre en compte, selon Lukas Aubin. "Là, ça pourrait être intéressant à l'échelle nationale parce qu'on pourrait voir émerger une contestation au sein de la société civile russe contre son président, et le voir affaibli."