Comment l'équipe de France est devenue un animal à sang froid

Didier Deschamps félicite ses joueurs après leur victoire face à l'Allemagne, mardi au Stade de France.
Didier Deschamps félicite ses joueurs après leur victoire face à l'Allemagne, mardi au Stade de France. © FRANCK FIFE / AFP
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Longtemps menés par l'Allemagne, mardi soir en Ligue des nations, les Bleus ont une nouvelle fois fait preuve d'un mental d'acier pour renverser la vapeur, au Stade de France (2-1). Ce même mental qui leur a permis d'être sacrés champions du monde.

La souffrance est devenue leur moteur, la victoire leur habitude. Le doute, lui, ne fait pas partie de leur vocabulaire. Longtemps menés au score par des Allemands qui pensaient vivre une résurrection, mardi soir en Ligue des nations, les Bleus ont fini par avoir le dernier mot (2-1), au Stade de France. La recette du succès tient en quelques mots : tactique, mental et réussite, ce même cocktail qui a permis à la France de soulever la Coupe du monde, cet été en Russie. Du Didier Deschamps tout craché.

Une mi-temps pour rentrer dans le match, un gardien pour y rester. En première période, les Bleus avaient pourtant l'air bien pâle pour des champions du monde, quand la Mannschaft semblait elle avoir retrouvé ses allures de rouleau-compresseur. Logiquement, la France a d'abord plié sur un penalty concédé par Presnel Kimpembe et transformé par Toni Kroos (1-0, 14e), mais l'addition aurait pu être autrement plus salée si Hugo Lloris, comme souvent, n'avait pas fait les arrêts importants aux moments importants (19e, 24e). Offensivement, le constat était presque alarmant : à la pause, les Bleus, n'avaient pas cadré la moindre frappe.

"On s'est dit les choses tranquillement". "On a fait une mauvaise première période. (…) Ensuite, on s'est dit les choses tranquillement à la mi-temps", racontait Antoine Griezmann au micro de M6, au coup de sifflet final. Et cela a plutôt bien fonctionné, car au retour des vestiaires, le visage offert par les Français a considérablement changé. Et le même Antoine Griezmann d'égaliser d'une magnifique tête (1-1, 62e), puis de signer un doublé, sur penalty (80e). Il fallait presque s'y attendre : sept des huit derniers buts inscrits par l'équipe de France l'ont été en seconde période.

Une équipe toujours capable de réagir. Au Mondial, les Bleus n'avaient été menés que neuf minutes, sur l'ensemble de la compétition. Mais peu importe : quelle que soit la situation, la France semble toujours aussi sûre de ses forces. Elle n'a d'ailleurs perdu aucun des quatre derniers matches lors desquels elle a concédé l’ouverture du score, avec un bilan de deux victoires et deux nuls, dont un dernier arraché contre l'Islande, pas plus tard que la semaine dernière, malgré un déficit de deux buts (2-2).

Contre les Pays-Bas, au mois de septembre, les Bleus avaient aussi attendu la fin du match pour réagir à l'égalisation néerlandaise, et s'imposer (2-1) dans un Stade de France où il ne peut décidément rien leur arriver.

" Quand on arrive à gagner un match dans la difficulté, ça donne encore plus de force "

Un cercle vertueux. "On a un statut de champion du monde et, dans ces moments-là, cela donne une force supplémentaire", notait d'ailleurs le capitaine Hugo Lloris, mardi soir en zone mixte. "Il y a une force collective qui se dégage" de cette équipe, acquiesçait son sélectionneur en conférence de presse. "Elle ne lâche pas et c'est quelque chose qu'il faut garder. Quand on arrive à gagner un match dans la difficulté, ça donne encore plus de force, même si ce groupe en a déjà beaucoup".

La confiance de Deschamps. Assurément, Didier Deschamps sait de quoi il parle, lui qui est parfois surnommé "Didier la gagne" pour sa propension à ne jamais rien lâcher. Lui qui est aussi connu pour la confiance sans faille qu'il accorde à ses joueurs. Pour preuve, dix des onze finalistes de Moscou - seul Samuel Umtiti, blessé, était remplacé par Presnel Kimpembe - étaient titulaires face à l'Allemagne. Le premier changement, lui, n'est intervenu qu'à la 86e minute. Comme si "DD" savait pertinemment que l'équipe sur le terrain allait finir par l'emporter.

Une tactique efficace. Qu'on se le dise, le sélectionneur est surtout un pragmatique. Ses ajustements tactiques - passage du 4-2-3-1 au 4-3-3 - opérés en cours de match, avec un Antoine Griezmann légèrement replacé à droite, sont là pour l'attester. Encore une fois, ses choix ont été les bons. "Ça serait facile pour moi de vous le dire. J'aurais l'impression de me la raconter un peu", en a-t-il souri en conférence de presse, avant de souligner que "les systèmes sont ce qu'ils sont et il y a aussi ce qu'on y met". Le public ne s'y est en tout cas pas trompé en scandant son nom, au coup de sifflet final.

Un petit coup du destin. Évidemment, les Bleus n'auraient sans doute pas gagné sans cette réussite qui leur a fait obtenir un penalty bien généreux en fin de rencontre, pour une faute loin d'être évidente de Mats Hummels sur Blaise Matuidi. Après avoir été sauvée plusieurs fois par l'assistance vidéo en Coupe du monde, ils ont cette fois été sauvés, justement parce que la VAR n'existe pas en Ligue des nations.

Mais le résultat est là, implacable : l'équipe de France est invaincue depuis quinze matches et un amical contre la Colombie, en mars dernier (3-2). La voilà désormais toute proche du dernier carré de la Ligue des nations. Pour cela, les Bleus devront au moins ramener un match nul des Pays-Bas, le 16 novembre prochain. Quitte à souffrir, s'il le faut.