EXCLU EUROPE 1 - Mbappé, Messi, Pochettino, Zidane... Leonardo se livre

Leonardo sur le plateau d'Europe 1.
Leonardo sur le plateau d'Europe 1. © Europe 1
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Colin Abgrall , modifié à
En exclusivité pour Europe 1, Leonardo, le directeur sportif du Paris Saint-Germain, a répondu aux questions de Lionel Rosso, accompagné du chef du service des sports d’Europe 1 Jean-François Pérès, de Jimmy Algerino, consultant et ancien défenseur du PSG, et du chef des sports du "JDD", Solen Cherrier. 
EXCLUSIF

Très rare dans les médias, Leonardo s’est confié pendant plus d’une heure dans Europe 1 Sport. Kylian Mbappé, Sergio Ramos, Lionel Messi mais aussi l'entraîneur Mauricio Pochettino, la rumeur Zidane, son rôle de directeur sportif, ses relations avec son président et le Qatar, le Brésilien n’a éludé aucun sujet de l’actualité du Paris Saint-Germain

Kylian Mbappé : "Le meilleur joueur du monde"

"Kylian (Mbappé) est tellement à l’aise dans son rôle de meilleur joueur au monde que rien autour n’a une vraie influence sur sa performance, sur son quotidien ou son humeur. Cette année, il est encore plus fort. Les gens vont penser qu’on dit ça parce qu’on veut le prolonger, mais non. C’est au-delà de l’intérêt du club. À 22 ans, presque 23, Kylian est arrivé à une maturité incroyable. Tout le monde le sait, nous voulons le garder le plus longtemps possible. C’est une situation très particulière car on parle du meilleur joueur au monde qui arrive en fin de contrat.

Nous avons toujours eu un rapport très direct avec sa famille, que ça soit avec Fayza (sa mère, ndlr) ou avec Wilfrid (son père, ndlr). On peut dire qu’il y a eu des moments où on a discuté plus chaudement, mais ça fait partie de la construction d’un rapport. S’il décide de rester, il restera car c’est notre envie. Je pense qu’ils vivent tout cela très tranquillement. Mais c’est une situation compliquée, dans le sens où on aimerait qu’il reste toute sa vie (à Paris) et qu’on doit respecter (leur position). Je pense qu’on a encore de bonnes possibilités (de le prolonger). J’y crois."

Sergio Ramos "sur la bonne voie"

"On ne s’attendait pas à rester quatre mois, cinq mois sans Sergio (Ramos). On savait qu’il avait des blessures de la saison dernière et qu’on allait devoir les gérer, attendre. Mais c’est vrai qu’on a eu des surprises. Il y a eu quelques claquages, on a forcé par rapport à la préparation, puis on est revenu quelques pas en arrière. C’était difficile pour lui. Mais aujourd’hui, il est vraiment sur la bonne voie. Par rapport à la présence, la mentalité, la personnalité, ce serait vraiment important de l’avoir avec nous pour la deuxième partie de la saison."

Gianluigi Donnarumma : "Le meilleur"

"Vous avez dans cette équipe, deux joueurs de 22 ans, (Achraf) Hakimi et (Gianluigi) Donnarumma, qui, pour moi, sont le meilleur latéral droit du monde et le meilleur gardien. Et avec (Keylor) Navas, nous avions deux gardiens dans les dix nommés au Ballon d’Or !"

Lionel Messi et ses "six premiers mois incroyables"

"(Lionel) Messi est indiscutable pour moi. Si tu commences à discuter Messi, c’est que tu n’as rien compris au football. Nous, on ne peut pas douter. Si vous regardez les chiffres de Messi, ses six premiers mois sont incroyables. Lui et Mbappé ont participé à presque tous les buts du club. Il est déterminant et décisif. Nous n’avons pas pris Messi pour faire le show à chaque match. Avec lui, c’est sûr que nous sommes plus compétitifs. Il peut décider à chaque match.

Qui a dit qu’il devait courir 12 kilomètres à chaque match ? Cela fait 20 ans qu’il joue de la même manière. Cela change quand vous avez d’autres joueurs à côté de vous. Mais lui, il est adaptable parce que c’est un génie et les autres génies que nous avons vont s'adapter à lui. Mais voilà, il a passé 20 ans au même endroit, et nous l’avons fait venir en trois jours. Trois jours ! C’était complètement inattendu pour lui. Ceux qui pensent qu’il marche sont ceux qui cherchent les problèmes. Même Idrissa Gueye, qui court 15 kilomètres par match, marche sur le terrain."

Neymar "n’est pas un monstre"

"Je suis content qu’il sorte un film (un documentaire Netflix, Neymar, le chaos parfait, sortie le 25 janvier 2022, ndlr). Il va commencer ce film en parlant de lui. Neymar est ci, Neymar est ça, Neymar est un monstre... Il montre ça et après, il se fait connaître. Ce n’est pas un monstre. C’est très beau ce qu’il va sortir. Je pense que les gens confondent un peu tout. C’est vrai qu’il a fait des choses, des sorties… Sinon tout ça ne sortirait pas sur lui. Mais le vrai Neymar, il a beaucoup de choses qu’il n’a jamais montrées. Neymar ne veut pas changer son essence. Et il ne changera pas même si les gens disent des choses à droite et à gauche."

Mauricio Pochettino "légitime"

"Il (Mauricio Pochettino) est arrivé il y a un an (le 3 janvier 2021, ndlr) quand on avait des problèmes. Nous lui avons dit que nous voulions développer des choses et que nous avions du temps. Derrière, on élimine Barcelone et le Bayern Munich en Ligue des champions. On perd contre Manchester City (en demies) mais on était dans l’idée de la saison. Arrive l’été, et on fait ce que tout le monde sait déjà. Donc il recommence la saison avec un effectif pas large, mais très large.

Construire quelque chose, mettre tout le monde dans son bon sentiment et son espace, c’est difficile. Même avec les joueurs que nous avons, ça ne se fait pas comme ça. Il faut du temps pour tous, leur donner ce sentiment d'être à l’aise. Je pense que nous sommes en construction. Et nous arrivons au mois de janvier avec beaucoup de possibilités de faire une saison inoubliable. Toutes les choses qu’on a pensées de lui (à son arrivée), elles existent encore.

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Leonardo entouré par l'équipe d'"Europe 1 Sport".
Crédits : Europe 1

Il a une relation très proche et très profonde avec ses joueurs et je pense que c’est important. On a mis à sa disposition beaucoup de joueurs, tous très différents. Son travail n’est vraiment pas facile. Quand tu as 15 joueurs, c’est plus facile que quand tu en as 25. Je vois la progression. Pochettino est légitime. Le maximum du potentiel de cette équipe arrivera en deuxième partie de saison. Quand arrivent les moments décisifs, les joueurs qu’on a ont quelque chose en plus et je suis convaincu que cela va se passer comme ça.

Le style et la manière arriveront naturellement. Je pense que techniquement, on va voir mieux. Aujourd’hui, on perd encore quelques ballons, on ne sort pas bien. Il y a le travail du coach, mais je pense aussi que nous manquons d’émotions. Il manque le fait que ça ne doit pas venir de la tête, mais plutôt du cœur. Il faut le sentir. Il faut savoir à quoi on appartient. Mais nous en tant que club, nous avons aussi la responsabilité de créer ça."

Zinédine Zidane "jamais contacté"

"Nous n’avons jamais contacté ni (Zinédine) Zidane, ni aucun autre entraîneur. Avec (Thomas) Tuchel, avant de parler à Pochettino, nous n’avions pas échangé avec un autre. Nous n’avons jamais contacté Zidane."

Son rôle de directeur sportif et les relations avec le Qatar 

"C’est un rôle bizarre. Peu de clubs ont un directeur sportif ou peut-être qu’on ne le connaît pas... Le rôle dépend beaucoup de comment fonctionne le club. Ce n’est pas écrit qu’un directeur doit faire telle tâche. Pour moi, je suis ici car c’est une histoire qui s’est écrite avec le temps, le fait que j’aie joué ici, mon rapport avec Nasser et le Qatar. Tout ça me donne l’impression que ce n’est pas un travail. Je me mets à la disposition du club, je bouge là où il faut bouger. Parfois je fais, parfois je ne fais pas.

Mais l’amour que le Qatar a pour le PSG est incontestable. Qu’est devenue la marque Paris Saint-Germain ? Ce logo, tout le monde le connaît. Mon rôle, c’est de défendre le PSG. D’être à disposition de cette marque et du club. Le mercato est une partie de ce travail. Il faut construire quelque chose qui soit pérenne, que l’image véhiculée soit positive. À l’étranger, l’image du PSG est bien meilleure qu’en France. Maintenant, il faut mettre le coup final : le trophée. Parce que c’est l’argument des gens.

Pour moi, le PSG est un grand club, incontestablement. Ce qui me fait plaisir aussi, c’est que mon rapport avec Nasser est tellement bon… On décide et on part dans tous les sens ensemble sur tous les challenges. C’est un plaisir de gérer tous les problèmes quotidiens. Mais je ne ferai pas autre chose avec le Qatar, avec Nasser, qui ne touche pas au PSG. Je n’ai aucun intérêt à faire quelque chose en plus. J’ai de l’influence au Paris Saint-Germain, mais nulle part ailleurs. Jamais dans la politique. Mais je dis chapeau au Qatar pour ce qu’ils ont fait pour le sport. Une Coupe du Monde, la Formule 1, le tennis, la Moto GP…"

Le projet de Super Ligue et l’opposition du PSG

"Nous sommes très orgueilleux par rapport à la position de Nasser sur ça. Cela aurait été facile de dire 'OK, on le fait, on est dedans.' Là, ce n’était pas le cas. Il y avait beaucoup de choses derrière nous. Sachez que le PSG n’a pas le revenu le plus important du monde. On a l’impression que le PSG dépense dix fois plus que les autres. Ce n’est pas vrai ! Il y a six ou sept clubs qui ont des revenus plus importants et qui dépensent plus que nous. L’idée de la Super Ligue n’est pas nouvelle. La Ligue des champions, c’était aussi des clubs qui voulaient une part plus importante du gâteau car ils en étaient les acteurs principaux.

Mais le football a toujours été comme ça. Qui a gagné la Ligue des champions dans les années 60-70 ? Ceux qui avaient les plus grands stades, car ils avaient les meilleures recettes. Ce n’est pas une coïncidence. Qui a gagné dans les années 80-90 ? C’étaient ceux avec les recettes des droits télévisés. Ils sont devenus riches et ont acheté les meilleurs joueurs. Et dans les années 2000-2010, les nouvelles fortunes sont arrivées, car le foot s’est ouvert. C’est quelque chose qui est critiqué, mais c’est l’évolution du football !"