ÉDITO - Tensions entre Corinne Diacre et les Lyonnaises : "Cette équipe a perdu sa joie de jouer"

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Virginie Phulpin
Pour Virginie Phulpin, éditorialiste sports d'Europe 1, Corinne Diacre, la sélectionneuse des Bleues, doit changer de comportement vis-à-vis de certaines joueuses de l'équipe de France, notamment celles qui évoluent à Lyon, si elle veut espérer de leur part pour l'Euro 2022 les mêmes prouesses qu'en club.
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L’équipe de France féminine de football reçoit la Macédoine du Nord vendredi soir. Corinne Diacre, la sélectionneuse, a été testée positive au Covid-19 et ne sera pas là. Elle reste néanmoins dans toutes les têtes, en raison des tensions qui l'opposent à une partie des joueuses. Pour notre éditorialiste sport Virginie Phulpin, il n’y a que deux solutions : Corinne Diacre doit changer ou partir. 

"Corinne Diacre va finir par dépasser Raymond Domenech sur le podium des sélectionneurs les plus critiqués de France, preuve que le problème est profond entre la sélectionneuse et une partie de son vestiaire. C'est avec les Lyonnaises que le torchon brûle en place publique. En cause : la non-sélection d’Amandine Henry, pourtant capitaine des Bleues. Ce n’est pas la première fois que Corinne Diacre vise une Lyonnaise. Il y a eu ses critiques acerbes du jeu d’Eugénie Le Sommer pendant la Coupe du monde, ou le retrait sans ménagement du brassard de capitaine à Wendie Renard.

C’est son fonctionnement : pour Corinne Diacre, aucune tête ne doit dépasser. Elle dirige une équipe et les joueuses doivent rentrer dans le rang, sinon c’est la punition. Dans un camp militaire, c’est peut-être la bonne méthode. En équipe de France, j’ai des doutes. Cette équipe a perdu sa joie de jouer. Reynald Peydros, le consultant foot d’Europe 1 et ancien entraîneur de l’OL féminin, dit des joueuses qu’elles vont en sélection avec "la boule au ventre". L’ambiance martiale ne leur réussit pas, les Bleues font du surplace. Elles ne seront sans doute pas inquiétées par la Macédoine du Nord, mais dans les grandes compétitions, cette situation risque de générer des blocages. Une ambiance pesante pour une absence de résultats probants, voilà qui est compliqué à défendre. 

L’art de sous-évaluer une crise 

Les joueuses se plaignent maintenant ouvertement. Pas toutes, bien sûr, mais les Lyonnaises, oui. Il faut dire que ce sont elles les cadres de l’équipe de France. Donc elles osent plus facilement parler. S’il n’y avait qu’une joueuse pour se plaindre, on prendrait des pincettes. Or, il ne s'agit pas du caprice d’une personne, mais d'une vraie vague de mécontentement. Alors à la Fédération française de football, on fait comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Le contrat de Corinne Diacre a été prolongé jusqu’en 2022, jusqu’à l’Euro. Et on avoue juste que la sélectionneuse a peut-être quelques problèmes de communication, mais rien de grave. 

Cette équipe doit se construire autour des Lyonnaises. Ces joueuses cinq fois championnes d’Europe de suite sont la colonne vertébrale des Bleues. Leur soif de gagner, leur fluidité dans le jeu, doivent aussi se retrouver en équipe de France, ce qui n’est pas le cas. Je ne dis pas qu’elles doivent avoir tous les droits parce que ce sont les meilleures. Non. Mais Corinne Diacre doit dialoguer avec elles, les inclure dans le projet. Donc soit on se met autour d’une table et on crève l’abcès, soit on passe à autre chose. Franchement, je suis presque contente que l’Euro ait été repoussé d’un an. Au moins, elles auront le temps de régler le problème."