Olivier Giroud a inscrit ses 50e et 51e buts avec les Bleus, mardi soir, face à l'Australie 1:24
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avec AFP , modifié à
Révélé tardivement, le "phénix" Olivier Giroud a tissé le fil d'une carrière atypique en jouant des coudes, renvoyant l'image d'un buteur besogneux malgré les creux, jusqu'à devenir, mardi, l'égal de Thierry Henry au sommet des buteurs de l'équipe de France avec 51 buts.

À 36 ans, l'inoxydable avant-centre a décroché au Qatar le record ultime qu'il guettait depuis plusieurs années : les 51 buts de son illustre prédécesseur, passé comme lui du côté d'Arsenal. Et il n'a pas traîné puisqu'il l'a fait avec un doublé d'entrée, contre l'Australie pour le premier match (32e et 71e) des Bleus.

Quel destin ! En septembre, sa participation au Mondial qatari était loin d'être certaine, Didier Deschamps l'ayant laissé de côté à chaque fois que Karim Benzema était disponible depuis un an. Mais Giroud a su se rendre indispensable et gagner sa place, une nouvelle fois. Le forfait de Benzema lui a ensuite ouvert un boulevard vers le "onze" de départ et les 51 buts.

Si cette marque vertigineuse sera difficile à conserver (Antoine Griezmann (42 buts) s'approche, Kylian Mbappé (28 buts) arrive à toute vitesse), elle vient récompenser un parcours étonnant, parsemé d'embûches et de défis.

"La difficulté me fait avancer"

"Je me suis toujours construit dans l'adversité, c'est un peu l'histoire de ma carrière", décrivait-il en 2020. "Il y a des fois où j'aurais préféré que ce soit plus facile mais il faut croire que la difficulté me fait avancer".

Ce natif de Chambéry éclot tardivement : après Grenoble, Istres et Tours, il ne découvre la Ligue 1 qu'à 23 ans à Montpellier, quand d'autres Tricolores comme Benzema, plus jeune que lui, s'habituent déjà aux rassemblements à Clairefontaine, le centre d'entraînement des Bleus.

Le portail du château des Yvelines s'ouvre en novembre 2011. Et quelques mois plus tard, un autre rêve se réalise, la Premier League: en cinq ans et demi à Arsenal, le canonnier français déroule sa palette: subtiles déviations, coups de casque et gros pétards en lucarne, tout y passe. En parallèle, il devient l'homme de base de Didier Deschamps, d'abord aux côtés de Benzema, puis sans lui une fois le Madrilène banni.

Deschamps ironise

Le chrétien évangélique, auteur d'un livre intitulé "Toujours y croire", a d'ailleurs le pardon facile vis-à-vis du Madrilène, qui s'était comparé à une "Formule 1" face au "karting" Giroud. "Je l'inviterai sur un circuit de kart et on se tirera la bourre au kart, voilà !", plaisante-t-il.

Au fil des années, l'homme aux 115 sélections perd parfois du temps de jeu, à Arsenal puis Chelsea. Mais à chaque fois, l'équipe de France lui offre un bol d'air, il s'y montre décisif. Et lorsque son statut vacille chez les Bleus, en 2022, il dévore chaque "miette" avec l'appétit d'un ogre, acceptant un rôle de doublure de Benzema en attendant son heure. A 36 ans, celle-ci est enfin arrivée.

Même les médias sportifs français, longtemps mitigés à son encontre, deviennent unanimes à l'approche du Mondial-2022. "Ces derniers temps, il est adoré !", a plaisanté Deschamps lundi. "Il y en a beaucoup qui l'ont critiqué, mais depuis peu, c'est un titulaire indiscutable ! Donc la France est ravie, moi aussi, et Olivier aussi".