Mourinho, la folie des grandeurs

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Thomas SINIECKI , modifié à
LIGUE DES CHAMPIONS – Mourinho veut un triplé historique tout en pensant au Real Madrid.

LIGUE DES CHAMPIONS – Mourinho veut un triplé historique tout en pensant au Real Madrid.Il s'était surnommé lui-même le Special One. José Mourinho doit se sentir si spécial qu'il ne peut maintenant s'empêcher de lier sa destinée à l'un des plus grands clubs du monde - si ce n'est le plus grand club du monde - sans jamais en avoir été membre. "Je veux à 100% entraîner le Real mais je ne sais pas si ce sera la saison prochaine ou plus tard", a ainsi déclaré l'entraîneur portugais dans une interview accordée mercredi à Marca.Une déclaration qui pourrait faire l'effet d'un pavé dans la mare du côté de l'Inter Milan, son actuel employeur, à trois jours d'une finale de Ligue des champions à... Santiago-Bernabeu face au Bayern Munich. Mais qui à Milan pourrait vraiment en tenir rigueur à l'ancien coach de Chelsea ? A priori personne, et ce pour deux raisons : premièrement, les dirigeants et supporters nerazzuri ont eu le temps d'apprivoiser la personnalité de Mourinho en deux saisons ; et surtout, ce dernier peut aisément se permettre ce genre de déclarations actuellement, surfant sur la vague du doublé Coupe-championnat. En attendant peut-être mieux..."Seul le Real pourrait me faire quitter ce club"Car ce qui donne aussi à Mourinho un statut si particulier du côté de l'Inter, c'est évidemment son parcours sans faute en Ligue des champions. Au-delà de la qualification en finale, ce sont la manière et le calibre des adversaires des Intéristes qui ont remis du baume au coeur du peuple nerrazuro, plus vraiment habitué à ce genre de périple européen. Hormis un quart de finale un peu moins ardu face au CSKA Moscou (1-0, 1-0), les Intéristes ont réussi le tour de force de sortir Chelsea en huitièmes (2-1, 1-0) et le tenant du titre Barcelone en demies (3-1, 0-1).Un triomphe scellé du sceau de Mourinho. Face à ses anciens Blues incapables de forcer la muraille intériste et pliant même en fin de match retour à Stamford Bridge sur un but d'Eto'o, puis devant un Barça incapable de mettre du rythme, butant sur un Inter au catenaccio retrouvé (et à dix pendant une heure), le Special One peut s'accaparer une bonne partie des succès grâce à ses coups tactiques. Les spectateurs du Nou Camp ne sont d'ailleurs pas près d'oublier la chevauchée fantastique de Mourinho au coup de sifflet final, seulement stoppée par le portier barcelonais Victor Valdés, dubitatif.Mais le Special One, c'est aussi cela. Et l'Inter ne va pas s'en plaindre, lui qui retrouve la finale de la C1 pour la première fois depuis 1972 et obtient donc l'occasion de remporter un troisième sacre continental, qui lui échappe depuis 1965 et une victoire devant le Benfica d'Eusebio. En deux temps, trois mouvements, Mourinho peut donc remédier à 45 ans de disette. Une victoire samedi et la boucle serait bouclée, offrant pour la première fois un triplé Coupe-championnat-C1 à un club italien. "Seul le Real pourrait me faire quitter ce club après deux années d'un travail incroyable." En cas de triomphe, l'appel du pied de plus en plus insistant pourrait bien se concrétiser.