France-Brésil : la Seleçao guérie après le fiasco du Mondial ?

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CONVALESCENCE - Le Brésil, humilié à domicile lors de la dernière Coupe du monde, a entamé sa reconstruction.
David Luiz et Thiago Silva (960x640)

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Le 8 juillet 2014, le Brésil subissait en demi-finales de "sa" Coupe du monde la plus grande humiliation de son histoire face à l'Allemagne, vainqueur 7-1. Quelques jours plus tard, la Seleçao ajoutait l'insulte à l'injure en étant balayée 3-0 par les Pays-Bas lors de la rencontre pour la troisième place. Son sélectionneur, Luiz Felipe Scolari, démissionnaire, fut remplacé le 22 juillet par Dunga, qui avait déjà occupé ce poste entre 2006 et 2010. Neuf mois plus tard, Europe 1 s'est posé la question qui est sur toutes les lèvres, à quelques heures du match de gala qui opposera les Bleus aux Auriverde, jeudi soir, au Stade de France : le Brésil est-il guéri ?

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Un bilan général satisfaisant. Pour juger de la guérison d'une équipe, il y a déjà un indicateur qui ne trompe pas (ou rarement) : ce sont les résultats. Et, de ce point de vue-là, la Seleçao va très bien : six matches, six victoires, 14 buts marqués, un seul encaissé. Certes, comme la France, le Brésil n'a disputé que des matches amicaux et pas toujours contre des foudres de guerre (les trois derniers à être tombés : Japon, Turquie et Autriche). Mais la Seleçao a tout de même battu trois solides équipes sud-américaines : la Colombie (1-0), l'Equateur (1-0) et surtout l'Argentine, grâce à un improbable doublé de Diego Tardelli, 29 ans, qui joue actuellement en... Chine ! 

Thiago Silva (465x640)

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Une colonne vertébrale préservée. De la déroute enregistrée face à l'Allemagne, seule une petite moitié des joueurs a survécu, dont David Luiz (forfait sur blessure), Fernandinho, Marcelo, Oscar, Luiz Gustavo et Willian. Absents le 8 juillet et préservés (un peu) du désastre de Belo Horizonte, Thiago Silva et surtout Neymar restent les deux visages de la sélection. Très critiqué lors de la Coupe du monde, d'abord pour son comportement distant et émotif lors de la séance de tirs au but contre le Chili, en huitièmes de finale (1-1, 3-2 aux tab), Thiago Silva (photo) a mis quelques mois à émerger d'un Mondial en demi-teinte. Depuis quelques semaines, "le Monstre" est redevenu lui-même au PSG, comme l'ont montré ses récentes sorties, notamment à Chelsea (2-2).

Quant à Neymar, il a passé un cap au Barça. Après une première saison d’acclimatation, il a peu à peu trouvé ses marques aux côtés de Lionel Messi. Auteur de 26 buts toutes compétitions confondues cette saison, le n°10 brésilien, moins efficace ces derniers temps avec les Blaugrana (trois buts sur ses neuf derniers matches) présente des statistiques très honnêtes (avec 17 réalisations, il est même troisième meilleur marqueur de Liga, derrière le duo Messi-Ronaldo). Avec le Brésil, la mission de Neymar est différente. Il jouit de davantage de liberté mais aussi de responsabilité, d'autant que Dunga lui a confié le brassard de capitaine qu'il a retiré à... Thiago Silva.

Une petite cure de jouvence. En optant pour l'attaquant du Barça, Dunga, l'ancien milieu de terrain taiseux et discipliné, a voulu insuffler un vent nouveau à son équipe. Car on oublie souvent que Neymar n'a que 23 ans. Aux côtés de Neymar, Dunga a fait appel à de jeunes joueurs laissés de côté par son prédécesseur avant la Coupe du monde, à commencer par le défenseur du PSG, Marquinhos, 20 ans, et le milieu de terrain de Liverpool, Philippe Coutinho, 22 ans. Pour cette double confrontation face à la France et au Chili, que la Seleçao retrouvera dimanche, Dunga a également appelé le joueur de Porto, Danilo, 23 ans, et le Monégasque Fabinho, 20 ans. Enfin, contre les Bleus, au Stade de France, on pourrait voir évoluer en pointe Roberto Firmino, attaquant du club allemand d'Hoffenheim, âgé de 23 ans seulement et auteur du but vainqueur contre l'Autriche le 18 novembre dernier (2-1, photo ci-dessous).

Neymar et Firmino (960x640)

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Des plaies encore à vif. Malgré le vent de jeunesse que souhaite faire souffler Dunga, certaines blessures ne sont pas encore cicatrisées. "L'ambiance dans le foot brésilien est atteinte", estime mercredi l'ancien directeur sportif du PSG, Leonardo, dans les colonnes du quotidien L'Equipe. "Quand vous regardez la Seleçao, il y a moins de joie, moins de spontanéité, ce qui était pourtant l'un de nos points forts. On a besoin de retrouver tout ça." Traumatisée par son ratage de l'été dernier, l'équipe du Brésil va avoir besoin de temps pour redevenir elle-même. Certains joueurs, comme Thiago Silva, déchu de son capitanat, doivent encore retrouver la confiance en sélection.

Dunga (960x640)

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Un traitement discuté. Replacer Dunga (photo) au poste de sélectionneur, quatre ans seulement après son départ et une élimination en quarts de finale du Mondial sud-africain, en 2010, face aux Pays-Bas (1-2), voilà qui a surpris. Et ce, d'autant plus que l'ancien taulier du milieu de terrain de la Seleçao n'a jamais été connu pour être un apôtre du beau jeu. "On me parle de 'futebol arte', mais qu'est-ce que ça veut dire ?", s'irrite celui qui a été champion du monde en 1994 avec le brassard de capitaine autour du bras. "Un bel arrêt de gardien, c'est de l'art. Récupérer le ballon, c'est aussi un art. On ne va pas trouver un Pelé à chaque coin de rue." Un Pelé, sans doute pas. Et un grand technicien, peut-être pas non plus. "On a un problème de formation des entraîneurs", estime d'ailleurs Leonardo, qui relève qu'aucun coach brésilien n'exerce dans les grands clubs européens. Cela explique peut-être pourquoi, après Luiz Felipe Scolari (2001-02 puis 2013-14), la fédération brésilienne a encore fait appel à un ex...

Un test d'effort à venir. Si la France prépare son Euro à domicile, l'an prochain, avec une longue litanie de matches amicaux, la prochaine échéance du Brésil arrive beaucoup plus vite avec la Copa America, qui aura lieu du 11 juin au 4 juillet, au Chili. "La Copa America est importante, mais notre priorité, ce sont les qualifications pour la prochaine Coupe du monde", a d'emblée souligné Dunga, conscient peut-être que l'Argentine ou l'Uruguay arriveront avec plus de certitudes. "Le niveau est de plus en plus relevé (en Amérique du Sud, ndlr) et la route qui mène à la Russie en 2018 est longue et semée d'embûches." Dans ce long chemin vers la rédemption et les confins de l'Europe, exorciser dès jeudi quelques démons, ceux de la finale perdue face aux Bleus au Stade de France en 1998 (0-3), serait déjà un bon début.

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