Football : haro sur les déplacements de supporters

Supporters de l'OM à Reims (1280x640) François NASCIMBENI/AFP
Des supporters dans un parcage visiteur (ici ceux de l'OM à Reims) : une scène de plus en plus rare. © François NASCIMBENI/AFP
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Julien Pearce et , modifié à
Les supporters de football paient les conséquences de l'installation de l'état d'urgence en France.

Jeudi soir, il n'y avait pas de supporters du FC Bâle à Geoffroy-Guichard pour assister au seizième de finale aller entre leur équipe et les Verts (3-2). Il s'agit ici d'une interdiction de déplacement de plus pour des équipes évoluant dans l'Hexagone. Depuis le début de la saison, en France, toutes compétitions confondues, ces mesures restrictives ont déjà concerné plus de... 190 matches ! A titre de comparaison, en 2011, l'année où la première interdiction de ce type a été prise, il n'y avait eu que trois matches concernés.

Exemple d'arrêté pris, ici avant Bastia-OL, fin janvier :

Manifestations et soldes. Le chiffre de 190 rencontres cache une grande variété de situations. Il y a Saint-Etienne-Bâle bien sûr, mais également Bastia-Lyon en Ligue 1 (ci-dessus) ou encore... Saint-Louis/Grenoble, rencontre du championnat de France amateur (CFA). La mesure a été prise à l'époque pour parer à "tout débordement". "On a déjà vu pour un match entre Lens et Bastia l'invocation d'un incident remontant à 1979", insiste Pierre Barthélémy, avocat de plusieurs groupes de supporters. "A Nantes, ils invoquent souvent des manifestations contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais parfois, les explications sont beaucoup plus grotesques, puisque pour les rencontres entre Troyes et Rennes et entre Troyes et Nantes, il a été dit que les policiers devaient prioritairement surveiller les magasins pendant les soldes..."

Une mesure pragmatique liée à l'état d'urgence. Les manifestations, les soldes, tout cela tient souvent du prétexte. Interdire la présence de supporters adverses est surtout une mesure pragmatique pour les autorités : cela permet de limiter de facto tout risque d'incident (risque réel parfois) et de réduire par quatre le nombre de fonctionnaires présents au stade. Ce n'est évidemment pas un luxe dans le cadre de l'état d'urgence, installé depuis les attaques terroristes du 13 novembre, à Paris et à Saint-Denis.

Une aubaine pour la DNLH ? Certaines voix, notamment parmi les groupes de supporters ultras, considèrent que les mesures d'interdiction s'inscrivent dans une logique répressive, adoptée bien avant l'instauration de l'état d'urgence. Du côté de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), on assume tous ces choix. Et ce ne sont certainement pas les incidents du week-end dernier avant la rencontre entre Reims et Bastia qui risquent d'inverser la tendance.