Plusieurs anciennes patineuses de haut niveau, dont Sarah Abitbol, qui accusent leurs entraîneurs, et notamment Gilles Beyer de viols et d'agressions sexuelles dans les années 1970, 80 et 90. 3:56
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Céline Brégand , modifié à
Alors que d'anciennes patineuses de haut niveau accusent leurs entraîneurs de viols, la ministre des Sports rencontre lundi Didier Gailhaguet, le président de la Fédération des sports de glace. L'ancien patineur et champion olympique Gwendal Peizerat accuse l'homme fort de la FFSG d'avoir continuer à confier à l'un des entraîneurs incriminés des responsabilités, alors qu'il avait été sanctionné par ailleurs.
INTERVIEW

La ministre des Sports Roxana Maracineanu a convoqué lundi après-midi Didier Gailhaguet, le président de la Fédération des sports de glace (FFSG). Ce dernier est resté silencieux depuis les révélations mercredi dans L'Obs et dans L'Equipe de plusieurs anciennes patineuses de haut niveau, dont Sarah Abitbol, qui accusent leurs entraîneurs, et notamment Gilles Beyer de viols et d'agressions sexuelles dans les années 1970, 1980 et19 90. "Didier Gailhaguet a donné à Gilles Beyer une proximité énorme avec les patineurs," dénonce sur Europe 1 l'ancien champion olympique de patinage Gwendal Peizerat. 

"Gilles Beyer tournait avec nous, il était dans le bus avec nous, dans les hôtels…"

Selon Gwendal Peizerat, Didier Gailhaguet a permis cette proximité entre l'entraîneur et les patineuses en désignant Gilles Beyer comme membre du bureau exécutif (2014-2018) et en lui donnant la fonction de responsable de la tournée des équipes de France. "Gilles Beyer tournait avec nous, il était dans le bus avec nous, dans les hôtels…", se souvient l'ancien patineur. Vendredi, Gilles Beyer a reconnu avoir eu "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, tout en évoquant des "souvenirs différents" de leur "relation".

Gwendal Peizerat doute donc que le président de la Fédération des sports de glace, en poste depuis 1998, à l'exception de la période 2004-2007, n'ait été au courant des agissements de Gilles Beyer. Ce dernier, rappelle l'ancien patineur, "a déjà été radié de ses fonctions de cadre technique par Marie-George Buffet et éloigné de toutes fonctions approchant des mineurs".

Dans les années 2000, Gilles Beyer a fait l'objet d'une enquête du parquet de Créteil, qui n'a pas abouti, puis d'une enquête au sein du ministère des Sports, qui a conduit le ministère à mettre fin à ses fonctions de conseiller technique sportif le 31 mars 2001. "Tout ce qui se passe à la fédération touche directement Didier Gailhaguet car il décide de tout. Cette fédération est une dictature depuis 20 ans", ajoute-t-il.

"On a eu vent de la réputation de Gilles Beyer mais pas dans ces proportions" 

L'ancien entraîneur de Sarah Abitbol, Gilles Beyer, était aussi, jusqu'à vendredi, manager général des Français Volants à Bercy. "Tous les patineurs allaient s'entraîner à Bercy sous la houlette de Gilles Beyer", note Gwendal Peizerat. "On a eu vent de la réputation de Gilles Beyer", reconnaît l'ancien patineur, mais "pas dans ces proportions". "Apprendre ce qui est arrivé à Sarah, pour nous les patineurs de l'équipe d'alors, c'est un peu comme si vous appreniez que votre petite soeur avait été violée par votre oncle", s'indigne-t-il.

Selon Gwendal Peizerat, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a "la possibilité de tout arrêter" mais pas celui "d'empêcher que ça recommence parce que Didier est légitime, il a été élu par les présidents de clubs en France", regrette-t-il.