"Les photographes donnent rendez-vous à 23 heures" : Imany raconte les violences sexuelles dans le monde de la mode

Imany
La chanteuse Imany revient sur ces années de mannequinat, où le harcèlement sexuel était courant. © Europe 1
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Mathilde Durand
Ancienne sportive de haut-niveau et mannequin internationale, l'auteure-interprète engagée Imany réagit au micro d'Europe 1 sur les cas de violences sexuelles révélées dans le milieu du sport. Pour elle, le danger était aussi présent dans le milieu de la mode, où photographes douteux et agents sans scrupules étaient monnaie courante. 
INTERVIEW

Les violences sexuelles n’épargnent aucun secteur. Récemment, l’ancienne patineuse Sarah Abitbol a sorti un livre pour accuser son ex-entraîneur Gilles Beyer, de viols durant la période de ses 15 à ses 17 ans.La chanteuse Imany, était l’invitée de l’Equipée sauvage, mardi. Au micro d’Europe 1, elle se confie sur ces années de sportive de haut-niveau, alors qu'elle était spécialiste du saut en hauteur. "Je n'ai pas vraiment assisté à des choses aussi graves. J’avais un coach qui était extrêmement bienveillant", confie l’artiste. "C’était une sorte de deuxième papa, je suis bien tombée."

"Beaucoup plus courant" dans le monde de la mode

En revanche, elle garde de ses années de mannequinat des souvenirs de violences sexistes et sexuelles. "C’était beaucoup plus courant, les photographes qui donnent rendez vous à 23 heures chez eux", cite-t-elle par exemple. Le milieu de la mode est largement touché par ce genre de pratiques, connues de tous."Vous allez chez un photographe parce que l’agence vous y envoie", explique la chanteuse. 

Si Imany a arrêté sa carrière de mannequin en 2008, elle reste pessimiste quant à l'évolution de la situation dans ce milieu concurrentiel. "Malgré l'ère '#Metoo', je ne pense pas que ça ait changé. Les garçons sont les garçons, l’argent reste de l’argent. C’est un ensemble de choses. C'est la permission culturelle qui donne tout ça", estime l'auteure-interprète. 

"Je n'y ai pas échappé" 

Si la jeune femme a réussi à traverser cette période grâce à un caractère affirmé, elle reste persuadée qu'elle a eu de la chance. "Peut-être qu’une fois ou deux, je suis tombée dans le panneau : on est sidérée, on ne voit pas les choses arriver. J’avais un sacré caractère mais il y a aussi un facteur chance", confie Imany.

 

"Quand les prédateurs s’en prennent à certaines jeunes filles, ce n’est pas du hasard, généralement ils sentent les failles, les faiblesses. Je ne dit pas que je n’étais pas faible mais j’étais peut-être moins lisible. J’ai eu le droit à du harcèlement, à des moments très gênants. Je n’y ai pas échappé", ajoute-t-elle.